Comme son maître et mentor, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a toujours été un pragmatiste, voire un opportuniste en politique. Cette qualité (pragmatisme) ou ce défaut (opportunisme), il en a joué tout au long de sa carrière. Entré en politique par attachement aux idées gaullistes d’un capitalisme au service de l’ambition nationale, il se fait le chantre du libéralisme américain au début des années 2000. Il est celui qui offre, dès son élection, des cadeaux fiscaux aux plus riches dans la pure tradition de la théorie libérale la plus libertarienne mais il est également celui qui fait intervenir l’Etat au moment où Alstom est en passe de mettre la clé sous la porte ou qui fait promettre au PDG de Renault, Carlos Goshn de ne pas fermer l’usine de Sandouville.
La crise financière n’a évidemment pas dérogé à cette règle d’alternance de professions de foi libérales et d’interventionnisme étatique. Voilà qu’après un début de quinquennat placé sous la libéralisation des énergies entrepreneuriales, il demande maintenant une forte régulation du capitalisme en fustigeant les financiers dont les agissements irresponsables ont conduit à la crise financière actuelle.
C’est de bonne guerre, dira-t-on, d’autant que l’ensemble de la classe politique mondiale, de droite ou de gauche, fait à peu près la même chose et que même George W. Bush élabore la politique la plus interventionniste des Etats-Unis depuis la présidence de Franklin Roosevelt. Néanmoins, ce qui est intéressant dans le discours qu’il a prononcé récemment à Caen ce sont, non seulement, les accents gaulliens qu’il a pris mais également les accents centristes…
Ecoutons-le : « C’est une certaine idée de la mondialisation qui s’achève avec la fin d’un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l’économie et avait contribué à la pervertir. L’idée de la toute-puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, cette idée de la toute puissante du marché était une idée folle. L’idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle. » Voilà pour l’enterrement des nouveaux dogmes du libéralisme qui s’étaient imposés ces dernières décennies de chaque côté de l’Atlantique grâce à l’école de Chicago et à Milton Friedman.
Que faire alors ? Nicolas Sarkozy propose rien de moins de que « refonder le capitalisme ». Il faut « le refonder sur une éthique, celle de l’effort, celle du travail, à retrouver un équilibre entre la liberté nécessaire et la règle, entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle. Il nous faut un nouvel équilibre entre l’Etat et le marché. (…) Un nouveau rapport soit s’instaurer entre l’économie et la politique (…). » Cette refondation ressemble furieusement aux thèses centristes d’un libéralisme social et d’un juste équilibre à trouver pour conduire une politique responsable et harmonieuse. Car, effectivement, le capitalisme débridé qui a cours depuis la présidence de Ronald Reagan aux Etats-Unis au début des années 1980 a montré qu’il pouvait produire de la richesse mais à un prix économique et social très élevé qui a des conséquences désastreuses sur la nécessaire solidarité qu’une société se doit d’avoir envers tous ses membres. Le Centrisme le dit depuis longtemps. Mais il ne suffit pas que Nicolas Sarkozy le dise. Il faut maintenant qu’il le fasse car, lui, il est au pouvoir …
Alexandre Vatimbella & Jean-Louis Pommery
Directeur du Crec & Directeur des études du CREC
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