Les Radicaux multiplient les textes de rapprochement
De tribunes libres en contributions au débat, les Radicaux de gauche et les Radicaux valoisiens n’en finissent pas de trouver des points commun à leurs projets respectifs. Voici le dernier texte publié par Le Figaro, intitulé « Il est temps que tous les radicaux se retrouvent » et signé par André Rossinot et André Sainjon, respectivement président d'honneur du Parti radical valoisien, et vice-président du Parti radical de gauche.
« Trop longtemps dispersés du fait des circonstances, mais toujours unis ailleurs, hors du champ politique, et toujours partageant les mêmes valeurs et obéissants aux mêmes principes, les radicaux doivent faire entendre leurs voix dans le débat politique actuel.
Il est temps qu'ils se retrouvent, car ce qui les unit, la philosophie politique à laquelle ils se réfèrent, constitue toujours une perspective politique pour notre pays. Même si l'on a estimé longtemps que le radicalisme avait fait son temps. Que le projet dont il était porteur s'était épuisé du fait même de la réussite de sa mise en œuvre et de sa reprise par toutes les grandes familles politiques républicaines. Il n'est pas vain de le redire, depuis plus de cent ans, le radicalisme imprègne la société française et les institutions de la République. C'est d'ailleurs le seul projet politique du XXe siècle qui n'a pas été désavoué par l'histoire.
Aujourd'hui, à un moment où l'on est porté à penser la démocratie en termes de désenchantement ; à un moment où les modèles communautaristes prétendent se substituer à la figure de la République ; à un moment où le citoyen est considéré comme ayant perdu tout repère et toute référence aux valeurs fondatrices du vivre ensemble républicain ; aujourd'hui plus que jamais s'impose la nécessité d'un projet politique émancipateur. Pour l'être, ce projet doit dessiner un idéal pour notre époque qui n'en a plus ; il doit orienter l'action politique et réinterroger la question du pouvoir à la lumière de la construction d'un nouveau contrat social, plus équitable. Il doit rassembler tous les républicains et les progressistes qui ne cachent pas leur inquiétude devant les dangers qui menacent certaines de nos valeurs.
Ce projet est d'autant plus nécessaire que s'amplifient les effets contrastés d'une mondialisation qui se présentait comme étant une chance pour l'ensemble des peuples et qui se transforme en cauchemar pour les plus faibles. De plus en plus nombreux sont ceux qui dénoncent ses excès. Certains refusent même d'accepter qu'elle soit le développement inéluctable du libéralisme tel que nos sociétés naguère le concevaient.
L'on en arrive à penser que le développement économique ne sait plus dire quel objectif social il poursuit quand il ne cesse de montrer qu'il a tout soumis à la logique du profit ; que le développement technologique laisse trop souvent l'impression d'une accélération non maîtrisée qui a perdu de vue l'humain : que les désordres écologiques menacent notre existence ; que les inégalités sociales s'amplifient dangereusement, dissolvant les liens et les solidarités qui unissent les hommes ; que l'action politique semble ne plus savoir inventer les outils de régulation économique, social et politique capables de répondre aux défis de notre époque.
Face à cette réalité et aux enjeux planétaires qu'elle implique, il convient de repenser l'ordre économique mondial et de se soustraire aux diktats des grands de la finance par l'affirmation de l'autorité légitime d'un pouvoir démocratique mondial. Il convient aussi de se saisir de la révolution écologique dessinée par le «Grenelle de l'environnement», à l'exemple de la Californie, dont la croissance économique a été dopée depuis trente ans par le développement de technologies «vertes» et de lois très strictes en matière d'environnement. Si les défis sont immenses, les capacités que recèlent les humains sont plus immenses encore. Les radicaux se sont toujours rangés du côté de l'audace raisonnable et de la volonté.
Au moment où les prix des matières premières flambent comme jamais dans l'histoire, nos sociétés doivent se préparer à de grandes mutations. Nous croyons que le pouvoir politique doit impulser de grands projets, porter la recherche scientifique et technique à des niveaux inégalés, notamment pour favoriser l'émergence de nouvelles énergies et contribuer à redonner à l'industrie un rôle moteur de premier rang pour un développement économique et social soutenable. Une telle ambition doit être soutenue par une politique éducative ambitieuse en direction des jeunes générations. Les acteurs politiques ont toujours eu pour mission de préparer l'avenir, et pas seulement d'aménager le présent.
Les radicaux sont depuis toujours des partisans du progrès par la réforme et de la réforme pour le progrès. C'est leur conception de la politique, une conception qui n'a rien d'un dogme. Or, le paysage actuel de notre pays ne peut que laisser le citoyen circonspect. Au moment où l'ensemble des citoyens attend des réponses concrètes à ses problèmes, le principal parti de gauche se cherche une nouvelle doctrine pour s'affirmer selon les cas social-démocrate ou social-libéral, deux facettes d'un même tenant. Ni l'un ni l'autre n'a démontré son efficacité contre les méfaits d'une mondialisation impulsée par la grande finance internationale. C'est aussi le cas pour la formation majoritaire actuelle, qui peine à trouver une unité d'objectif et d'action, même si le thème central de la politique poursuivie est le volontarisme et la réforme.
Le combat d'aujourd'hui, c'est de s'affirmer radicaux et républicains de progrès. C'est de se rassembler pour réaffirmer les grands principes de la République, de la laïcité, de la justice sociale et de la solidarité, de la construction européenne et d'une vision internationale pacifique des défis qui s'imposent à notre pays.
Oui, il est temps que tous les radicaux se retrouvent et préparent d'autres étapes. »
© 2008 Le Figaro
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