mardi 30 septembre 2008

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Et si on essayait enfin le vrai libéralisme social ?

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Friedrich Hayek, le chantre du capitalisme sans états d’âme, avait raison de prétendre que seul le capitalisme brut sans justice sociale peut apporter autant de développement économique et de richesse. Reste à savoir, comme il le prétend, si c’est alors le seul système viable car nous devons nous demander si amasser le plus de richesses possibles est le seul but poursuivi par les êtres humains. D’autant qu’il faut douter de cette volonté effrénée e nous rappelant que, confronter à des surplus toujours grandissant du fait d’une production de masse, les entreprises ont du inventé le marketing dans les années trente dont l’unique missions était de créer des désirs et des besoins artificiels toujours plus grands et plus nombreux afin de faire consommer les gens pour consommer et non pour satisfaire des besoins ou des envies spontanées ou utiles. Dès lors, on peut se demander avec justesse si l’humanité ne recherche pas, en même temps que son bonheur matériel, son bonheur dans la vie en commun, le partage et l’amour, son bonheur dans une vie intérieure. Alors, ce n’est pas le capitalisme pur et dur prôné par celui que Reagan, Thatcher et Pinochet admiraient qu’il nous faut mais un capitalisme qui s’insère dans un libéralisme social qui se soucie aussi d’apporter en même temps que le bien être matériel, le vivre bien dans un juste équilibre entre la liberté (et notamment la liberté économique indispensable pour l’organisation économique) et la solidarité, entre l’individualité et l’appartenance à un groupe. C’est donc à vers un libéralisme social qu’il nous faut nous tourner.
La crise financière qui est en train de submerger le monde montre une fois de plus et peut-être une fois pour toute que ce capitalisme ne peut agir sans contrôle et sans règles, surtout qu’il n’est pas de lui-même un système vertueux car composé d’intervenants dont le seul but est de maximiser au-delà de toute morale et de toute honnêteté leurs profits. Point de main invisible qui régulerait naturellement cette jungle d’autant que ces intervenants qui clament haut et fort leur liberté de faire des profits à n’importe quel prix et par n’importe quel moyen se tournent soudainement vers l’Etat et vers la collectivité qu’ils abhorrent avec Friedman et ses disciples pour demander de l’aide quand tout va mal, prompts à clamer leur irresponsabilité. Or le capitalisme ne peut être une organisation d’une économie libérale que si la liberté est contrebalancée par la responsabilité et cette responsabilité doit être contrôlée par la collectivité qui est la même qui assure la liberté. Seul ce contrôle peut éviter les dérapages. Qui plus est, le libéralisme pour permettre à la société d’absorber les chocs de la liberté économique, seule organisation capable d’apporter la richesse, doit être social, c’est-à-dire qu’il doit organiser la solidarité pour aider tous les membres d’une communauté à profiter des fruits de cette liberté économique.
Cette crise montre aussi à l’extrême par l’intervention de l’administration Bush qui se voulait la digne héritière d’un laisser-faire prôné par Ronald Reagan (mais jamais mis vraiment en œuvre par celui-ci…) et d’un désengagement de l’Etats, donc de la société, dans l’économie et le social, qu’une idéologie ne peut tenir devant les faits qui l’invalident. Le risque d’une catastrophe financière qui montre les limites d’une régulation ad minima, voire d’une absence de régulation, a eu raison de toutes les belles théories.
Mais, attention de ne pas se tromper une fois de plus de cible. Cette crise ne démontre absolument pas que le libéralisme est une organisation de la société qui ne marche pas, ni même que le capitalisme en tant qu’organisation de l’économie soit responsable de ce qui arrive. Il démontre en revanche que l’irresponsabilité est toujours la plus dangereuse des positions. La fuite en avant couplée avec l’espoir qu’un miracle impossible ne survienne avant le crash final est tout sauf une posture responsable des acteurs de la finance et des gouvernements.
Et l’on en revient à cet incontournable libéralisme social. Oui, seul ce libéralisme social est économiquement, socialement et politiquement acceptable. Oui, il est la seule organisation de la société qui allie la nécessaire efficacité économique et politique avec la tout aussi nécessaire morale politique qui contrôle l’économie.
Rappelons encore et encore que c’est le libéralisme social qu’il faut défendre comme meilleures organisation de la société et non le social-libéralisme ou le socialisme libéral. Car le seul système qui a jusqu’à présent fait ses preuves dans l’histoire est celui qui produit de la richesse et du bien être avant de le redistribuer. Libéralisme économique parce que la liberté des acteurs économiques est la plus efficace car libérant les énergies. Et cette richesse peu ensuite être utilisée en partie à assurer la nécessaire cohésion sociale par une solidarité à l’intérieur de la communauté.
Un vrai libéralisme social interdit les dérives boursières que l’on connait aujourd’hui mais il ne bride pas l’initiative économique individuelle qui est la seule capable de créer une vraie richesse. Et seul le Centrisme propose ce libéralisme social. Il faudra bien qu’un jour, au lieu d’élire des partis de droite ou de gauche qui font un ersatz de politique centriste, la fameuse « politique au centre » des politologues, les citoyens mettent au pouvoir le vrai Centrisme. Il est plus que temps lorsque l’on voit les échecs des régimes collectivistes et des régimes de liberté sauvage. N’est-ce pas un beau challenge pour ce XXI° siècle ?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC

lundi 29 septembre 2008

Actualités – Etats-Unis

Présidentielle 2008

L’avance de Barack Obama dans les sondages se confirment


La stratégie adoptée par John McCain depuis une semaine, conjuguée à sa prestation lors du premier débat présidentiel, n'a pas eu les effets escomptés dans les sondages, puisque son rival démocrate fait toujours la course en tête, selon plusieurs études d'opinion publiées ces derniers jours. L'écart entre les deux candidats s'est même creusé au profit du démocrate. Quatre sondages nationaux, représentant la moyenne des intentions de vote sur trois jours (de vendredi à dimanche), donnent Obama en tête avec en moyenne 6,5 points d'avance. Parmi ceux-ci, les sondages des instituts Gallup et Rasmussen accordent au démocrate respectivement 8 points et 6 points d'avance, les écarts les plus importants en septembre. Le site Internet Fivethirtyeight.com,spécialisé dans la compilation de sondages, arrive au même constat : le sénateur de l'Illinois devance son rival républicain dans toutes les enquêtes de ce début de semaine etemporterait l'élection avec une avance moyenne de4,2 points. "Cette avance peut apparaître faible, mais elle est assez significative, explique Nate Silver, analyste pour Fivethirtyeight. On a eu deux conventions et un débat, les électeurs commencent à se faire une idée et Obama a une solide avance chez les grands électeurs. Rattraper 4 à 5 points pendant l'été n'est pas dur d'ailleurs McCain l'a fait en juillet et en août mais c'est bien plus difficile après Labor Day [le premier lundi de septembre]."

Obama sort renforcé de la crise qui touche l'économie américaine. Lors d'un meeting à Detroit au cours du week-end, il s'est réjoui que le plan de relance, en passe d'être adopté, comporte des clauses en faveur des consommateurs. "Pendant deux semaines, j'ai téléphoné au secrétaire d'Etat Paulson pour être certain que les principes qui ont été adoptés soient inclus dans le projet de loi", a-t-il fait valoir. John McCain s'est montré moins enthousiaste, estimant que les "grandes lignes [du plan montrent] que c'est quelque chose que nous allons tous devoir avaler et avec lequelnous allons pouvoir avancer". Il s'est toutefois félicité que le plan prévoie davantage de transparence et limite les salaires des dirigeants des entreprises concernées. Malgré ces mauvais chiffres, l'inquiétude n'est pas de mise chez les républicains. Steve Schmidt, principal stratège de la campagne de John McCain, a fait preuve d'optimisme pendant les conférences de presse du week-end. "La première leçon de la campagne, qui date de 2007, c'est de ne pas être nerveux et réagir aux chiffres des sondages, a-t-il expliqué. Il y a quelques semaines, nous avions une nette avance (...). Nous avons toujours su que non seulement cette avance allait se dissiper, mais qu'elle allait passer de l'autre côté avant de rebondir encore."

dimanche 28 septembre 2008

Actualités

Etats-Unis

Présidentielle 2008

Sondages en faveur de Barack Obama après le premier débat avec John McCain

Le premier débat Obama-McCain, vendredi 26 septembre, n'a pas permis, selon la presse américaine, de départager les deux candidats. Mais les sondages réalisés à l'issue du débat donnent un net avantage au candidat démocrate. Selon un sondage de CNN réalisé immédiatement après le débat, 51 % des sondés pensent que M. Obama a été le meilleur, 38 % pensent que c'est McCain. Les 524 personnes interrogées se déclaraient à 30 % indécises, à 41 % proches des démocrates et à 27 % proches des républicains. Chez les indécis, Obama est considéré comme vainqueur du débat pour 39 % des sondés, contre 25 % pour McCain, selon un sondage CBS consacré aux électeurs indécis. 46 % de ces 500 électeurs interrogés disent avoir une meilleure opinion du candidat démocrate après le débat, 66 % d'entre eux pensent qu'il prendrait les bonnes décisions pour l'économie. C'est justement sur le terrain de l'économie que le candidat démocrate semble avoir marqué des points. Tandis que le McCain a plutôt convaincu sur les questions de politique étrangère, notamment sur l'Irak. Obama a également largement progressé sur son image : avant le débat 44 % des sondés le pensaient capable d'assumer la fonction présidentielle. Ils étaient 60 % après, selon le sondage CBS. CNN note que si les hommes semblent se partager équitablement entre les deux candidats, les électrices sondées penchent plutôt pour le candidat démocrate.

Dans la foulée du débat, Obama a adressé un e-mail à ses partisans, assurant que "des millions d'Américains" ont pu voir, lors du débat télévisé qui l'a opposé au républicain John McCain, le "choix fondamental" de cette élection : "le changement" ou "la poursuite de la même politique". Il a de nouveau insisté sur sa politique économique : "Je proposerai des baisses d'impôts pour les classes moyennes, une assurance santé abordable et une nouvelle politique énergétique qui créera des millions d'emplois", a affirmé M. Obama dans ce texte. "John McCain veut maintenir d'énormes réductions d'impôts pour les grandes compagnies et il n'a offert aucune solution pour les problèmes que doivent surmonter les Américains dans leur vie quotidienne", a estimé le sénateur de l'Illinois, qui doit se rendre samedi en Caroline du Nord et en Virginie, deux états-clés pour l'élection de novembre.

samedi 27 septembre 2008

Actualités

Etats-Unis

Présidentielle 2008

Premier débat de la campagne avec la crise financière en ouverture


Le premier débat télévisé entre Barack Obama et John McCain, un temps mis en cause par la suspension temporaire de la campagne du candidat républicain, a finalement eu lieu, dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 septembre à Oxford (Mississippi), abordant les domaines prévus de politique étrangère et de sécurité nationale. Mais la crise financière qui touche actuellement les Etats-Unis a aussi été longuement évoquée lors du début de la rencontre. Pendant un peu plus d'une heure et demie, les deux candidats à la Maison Blanche ont exposé leurs programmes, répondant aux questions du journaliste Jim Lehrer thème par thème, dans des segments de deux minutes, avant de débattre pendant une dizaine de minutes.

La crise financière. En raison du contexte, la crise qui touche actuellement les Etats-Unis devait obligatoirement être traitée pendant ce débat. De nombreux sondages rapportent que l'état de l'économie est de loin la première préoccupation des électeurs. Le thème a donc été abordé d'emblée, Jim Lehrer leur demandant quelles étaient leurs positions vis-à-vis du plan de relance de l'administration Bush, et quelles étaient leurs propositions pour sortir dela crise. Pour Obama, cette crise constitue le "verdict final" de la présidence de George Bush, "huit ans de politiques ratées soutenues par le sénateur McCain". Il s'est dit "optimiste" sur l'état des négociations. John McCain s'est quant à lui félicité que "démocrates et républicains [aient pu] s'asseoir pour négocier et mettre un dispositif au point" et a souhaité que les négociations donnent naissance à un texte pour lequel il pourra voter. Très prudents, Obama et McCain ont soigneusement évité de lancer des attaques trop violentes dès le début du débat, obligeant même le présentateur à les encourager à s'adresser l'un à l'autre. Les échanges ont commencé à devenir plus nourris quand les deux candidats ont détaillé leurs réponses pour venir à bout de la crise, notamment leurs propositions fiscales. John McCain a accusé son rival de vouloir augmenter les dépenses publiques, alors que lui prône une baisse de celles-ci, ainsi qu'une baisse des impôts, pour relancer l'économie. Barack Obama a répondu en soulignant qu'il n'augmenterait pas les taxes pour les familles "qui gagnent moins de 250 000 dollars par an", répétant que cette crise est le résultat d'une politique de dérégulation soutenue par John McCain. Après avoir été relancés plusieurs fois, les deux hommes ont également reconnu que la crise aura des conséquences sur leurs éventuelles présidences. Obama a jugé que le budget sera "sans aucun doute affecté", mais a énuméré plusieurs programmes qu'il entend privilégier : l'indépendance énergétique, le renouvellement des infrastructures et l'éducation. McCain a pour sa part proposé le gel de dépenses dans des domaines autres que la défense et les anciens combattants, ce que le démocrate a comparé à "utiliser une hache quand il faut un scalpel".

Les fronts en Irak et en Afghanistan. La discussion sur la guerre en Irak a été sans aucun doute la plus disputée de la soirée. Barack Obama s'en est pris à son rival, qui a soutenu la guerre dès 2003 alors que lui avait voté contre "quand c'était encore politiquement risqué" de le faire. Le sénateur de l'Arizona a répondu en assurant qu'à ses yeux les Etats-Unis "gagnent en Irak" et que la stratégie de "surge" (30 000 troupes supplémentaires envoyées en 2007) mise en place par l'administration Bush "a été couronnée de succès (...) nous allons revenir au pays dans la victoire et l'honneur". Il n'a pas manqué de souligner qu'Obama était opposé à cette stratégie, avant de la soutenir. McCain s'est néanmoins peint comme un opposant au gouvernement fédéral. Il a rappelé qu'il était contre "le traitement des prisonniers, sur Guantanamo Bay et sur la façon dont la guerre en Irak a été menée". "J'ai un bilan et les Américains me connaissent bien et savent que je suis indépendant et un 'maverick' au Sénat", a-t-il lancé.

Le candidat démocrate a reconnu que la situation s'était améliorée en Irak, mais a estimé que le gouvernement "avait perdu de vue l'essentiel" en se concentrant en Irak et en laissant la situation dégénérer en Afghanistan, l'objectif principal dans la guerre contre le terrorisme à ses yeux. Il a promis d'envoyer trois bataillons supplémentaires sur place, avant de rappeler qu'il considérait l'invasion de l'Irak en 2003 comme une erreur (aucune arme de destruction massive n'a été trouvée, les Américains n'ont pas été accueillis comme des héros). McCain a rétorqué en moquant Obama pour s'être dit prêt à lancer des frappes ciblées contre Al-Qaida au Pakistan, estimant qu'Islamabad était un allié précieux. Les deux candidats se sont également mutuellement accusés d'avoir voté contre le financement des troupes déployées en Irak. Les relations avec l'Iran et la Russie. L'Iran et la Russie ont constitué les deux autres principaux points de divergence. Comme il l'a fait à de nombreuses reprises pendant ce débat, John McCain a assuré que son rival "ne comprenait pas" la situation diplomatique mondiale et manquait d'expérience. Il a raillé sa "naïveté", prononcé en français, parce qu'il était prêt à rencontrer le président d'un Etat comme l'Iran. "Le sénateur Obama a déclaré deux fois au cours de débats qu'il négocierait avec Ahmadinejad, Chavez et Castro, sans conditions", a-t-il ajouté, rappelant que le président iranien avait promis à plusieurs reprises "de rayer Israël de la carte".

M. Obama a pour sa part plaidé pour une "diplomatie ferme et directe" avec Téhéran et a affirmé qu'en tant que président, il "se réservait le droit de rencontrer lespersonnes de son choix à un moment et un endroit de (son) choix (...) si je pense que cela peut contribuer à la sécurité des Etats-Unis". Il n'a pas manqué de pointer que Henry Kissinger, qui conseille la campagne de John McCain, était favorable a une rencontre au niveau présidentiel avec l'Iran. Le camp républicain s'est empressé de diffuser après le débat un communiqué assurant que M. Kissinger récusait les propos de Barack Obama. Sur la Russie, l'un et l'autre étaient d'accord pour refuser un retour à la guerre froide, mais ont condamné l'intervention russe en Géorgie le mois dernier. "Je pense que compte tenu de ce qui s'est passé au cours des dernières semaines et des derniers mois, l'ensemble de notre attitude vis-à-vis de la Russie doit être réévalué, car une Russie résurgente et très agressive est une menace pour la paix et la stabilité de la région", a expliqué Obama. McCain n'a pas hésité pour sa part à qualifier la Russie "d'Etat contrôlé par des apparatchiks du KGB". Les deux hommes ont en outre promis de soutenir l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'OTAN.