C’est historique : les délégués démocrates ont officiellement choisi, au troisième jour de la convention de Denver, leur candidat à la présidentielle en la personne du sénateur métis Barack Obama dont tour à tour Bill Clinton, John Kerry et Joe Biden sont venus faire l'éloge à la tribune. Hillary Clinton, qui jusqu'en juin a rivalisé avec Obama lors des primaires, avait proposé d'interrompre le vote des délégués qui était en cours Etat par Etat et de proclamer tout simplement le sénateur de l'Illinois candidat, par acclamations. Nancy Pelosi, présidente de la chambre des représentants, qui présidait aux opérations de vote, a accédé à sa demande et fait savoir peu après qu'Obama acceptait sa désignation officielle. Le premier orateur vedette de la journée a été Bill Clinton, président de 1992 à 2000, qui a ardemment soutenu son épouse au fil des primaires. Longuement ovationné par la foule qui agitait des petits drapeaux américains, à son arrivée, Bill Clinton, toujours populaire, a dû réclamer le silence pour s'exprimer. Il s'est alors livré à un éloge sans réserve de Barack Obama, qui, s'il est élu, sera le premier président américain de couleur à être investi à la Maison blanche. "Mes amis démocrates, je vous le dis : Barack Obama est prêt à diriger l'Amérique et à rétablir le rôle dirigeant des Etats-Unis dans le monde !", a lancé Bill Clinton. Car selon Clinton, sous l'administration républicaine de George Bush, les Etats-Unis se trouvent dans une mauvaise passe: "Le rôle dirigeant de l'Amérique dans le monde a été affaibli." Il a écarté dans la foulée les accusations d'inexpérience lancées contre le candidat démocrate, qui est âgé de 47 ans et ne siège au Sénat que depuis 2004. "Nous l'avons emporté lors d'une campagne pendant laquelle les républicains disaient que j'étais trop jeune et trop inexpérimenté pour devenir commandant en chef", a dit Clinton à propos de la campagne électorale de 1992. "Cela n'a pas marché en 1992, parce que nous étions du bon côté de l'histoire. Et cela ne marchera pas non plus en 2008, parce que Barack Obama est du bon côté de l'histoire !" Candidat malheureux des démocrates en 2004, John Kerry a pris la parole par la suite pour souligner qu'Obama "apportera le changement à notre pays". Deuxième orateur particulièrement attendu de la journée, Joe Biden, qu'Obama a choisi samedi dernier comme colistier, est monté à la tribune pour accepter sa désignation comme candidat démocrate à la vice-présidence. Cet homme de 65 ans affable, vieux routier de la politique américaine puisqu'il est depuis 35 ans sénateur du Delaware, a joué le rôle traditionnellement assignés aux candidats à la vice-présidence: attaquer l'adversaire, en l'occurrence le candidat républicain à la Maison blanche, John McCain. Biden lui a notamment reproché de soutenir George Bush dans nombre de domaines, dont les baisses d'impôts pour les riches, son hostilité à une hausse du salaire minimum et dans sa politique irakienne. Devant une salle où se trouvaient notamment Michelle Obama, épouse du candidat, l'ancien président Jimmy Carter et Hillary et Chelsea Clinton, Biden a évoqué l'opposition de McCain à la proposition d'Obama de fixer un calendrier de retrait des troupes américaines d'Irak et a fait remarquer que l'administration Bush et le gouvernement irakien étaient sur le point de fixer une date de rapatriement des troupes américaines. "John McCain a eu tort, et Barack Obama a eu raison", a-t-il conclu. "Notre époque requiert plus qu'un bon soldat", a lancé Biden, allusion à McCain, ancien combattant et héros de la guerre au Vietnam. "Elle nécessite un dirigeant sage, un dirigeant qui puisse apporter le changement, le changement dont, comme chacun le sait, nous avons besoin!" Après le discours de Biden, Barack Obama a fait une apparition surprise sur scène, sous un tonnerre d'applaudissements. Il s'est déclaré fier d'avoir Biden à ses côtés, ce même Biden qui avait échoué, comme Hillary Clinton, lors des primaires au début de cette année. A Obama revient maintenant de prononcer ce jeudi soir son discours d'acceptation de sa candidature, dans un stade de Denver où l'on attend 80.000 personnes. Ce jeudi sera la dernière journée d'une convention qui, selon le candidat démocrate, est une convention "formidable", et dont il espère qu'elle créera une nette dynamique en sa faveur, alors qu'il est au coude à coude avec McCain, voire dépassé par celui-ci, dans les derniers sondages. McCain, lui, pourrait bien tenter de briser cette dynamique en annonçant dès vendredi son choix de colistier. C'est en tout cas l'avis d'un responsable républicain qui assure que l'ancien héros du Vietnam a d'ores et déjà fait son choix, qu'il tient secret. La convention républicaine se tiendra la semaine prochaine, à partir de lundi, à St Paul-Minneapolis.
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