Si John McCain était élu le 4 novembre prochain, il faudrait bien se poser la question sur cette machine à se faire battre qu’est devenu au fil des ans le Parti démocrate avec des candidats qui sont souvent brillants mais incapables de représenter l’Amérique profonde, celle qui fait la différence même si elle n’est plus la plus nombreuse.
Au jour d’aujourd’hui, Barack Obama semble être celui qui sera le candidat du Parti démocrate malgré le baroud d’honneur d’Hillary Clinton et le fait, partagé par certains observateurs, qu’elle serait plus capable de battre John McCain d’autant qu’elle est plus populaire dans les « Key States », les Etats-clés qui feront la victoire en novembre. Barack Obama est un personnage extrêmement brillant, intelligent et charismatique qui possède quelques casseroles (son révérend noir raciste et aux propos anti-américains, ses amitiés noires extrémistes, sa méconnaissance totale du blanc moyen et du redneck sudiste et une grande inexpérience politique mais si ce dernier point n’a pas empêché des Kennedy et des Bush de se faire élire à la présidence…) et une haute (trop haute ?) opinion de lui-même. De même ses slogans simplistes mais efficaces ne font pas un programme surtout en période de récession économique. Et puis, bien évidemment, il est noir ce qui signifie simplement mais fortement que de nombreux électeurs démocrates ou indépendants ne voteront pas pour lui pour cette unique raison. Dire le contraire ce serait, d’un coup, balayé l’histoire des Etats-Unis. On peut d’ailleurs dire la même chose pour Hillary Clinton où de nombreux électeurs ne voteraient pas pour une femme.
D’où, cette question sur la machine à se faire battre des Démocrates. Car, dans l’euphorie d’une fin de présidence Bush catastrophique, ils ont pensé que même s’ils présentaient un singe ou un âne (leur emblème…), ils gagneraient haut la main. Une confiance qui risque de leur coûter extrêmement cher. Evidemment les jeux ne sont pas donnés, loin de là. Les bêtises de Bush et son jusqu’au-boutisme absolu peuvent encore permettre au Démocrates de remporter l’élection tout comme les bourdes et les incompétences (notamment en économie) de McCain. En revanche, si les Républicains la jouent intelligemment –et ils ont quelques stratèges compétents pour y parvenir-, les Démocrates ont toutes les raisons d’avoir peur, très peur… Et aux défaites des brillants Dukakis, Mondale, Kerry, McGovern et Gore, on ajoutera celle de Hillary ou Barack. Et l’on en conclura qu’ils ont perdu une élection imperdable.
Reste que les Démocrates peuvent se rappeler les précédents Kennedy, Carter et Bill Clinton, un dandy et deux inconnus donnés perdants et qui surent jouer de leur caractère ingénu et nouveau pour rallier les suffrages des électeurs. Tout n’est donc pas perdu pour les Démocrates mais ce sera loin d’être une simple partie de campagne.
Jean Gripari
Chef du département Etats-Unis du CREC
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