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mercredi 2 avril 2008
Actualités du Centre. Irlande Démission du Premier ministre de centre-droit après onze ans de pouvoir
Le Premier ministre irlandais Bertie Ahern, sous la pression croissante d'allégations de corruption, a créé la surprise mercredi en annonçant sa démission début mai après 11 ans au pouvoir, et à quelques semaines d'un référendum crucial sur le traité de Lisbonne. Lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte, le "Taoiseach" (Premier ministre en gaélique), au pouvoir depuis juin 1997, a toutefois affirmé que sa décision n'était pas liée à l'enquête dont il fait l'objet sur des versements controversés reçus au début des années 90. "Je vais remplir mes obligations jusqu'au mois prochain et après mon retour des Etats-Unis et la visite d'Etat en Irlande du Premier ministre japonais, j'ai l'intention de remettre ma démission à la présidente (Mary) McAleese le mardi 6 mai", a déclaré ce poids-lourd de la politique irlandaise, visiblement ému. M. Ahern, 56 ans, avait été réélu en juin 2007 pour un troisième mandat consécutif, faisant de lui l'un des plus anciens dirigeants européens au pouvoir. "Je sais au plus profond de moi que je n'ai rien fait de mal ni trompé personne", a-t-il ajouté, expliquant que cette décision "personnelle" visait surtout à éviter que ces allégations ne parasitent l'action du gouvernement. Ses derniers mois au pouvoir auront été marqués par une pression croissante de l'opposition comme de la justice, après des révélations sur des versements d'argent controversés de la part d'amis ou d'hommes d'affaires. Un tribunal de Dublin, devant lequel M. Ahern a fermement démenti toute malversation, enquête notamment sur des sommes d'argent qui auraient été versées à M. Ahern par un entrepreneur en bâtiment entre 1989 et 1992. "Je suis persuadé que (...) le tribunal montrera que je n'ai aucunement agi de manière inappropriée", a-t-il assuré. Dressant un rapide bilan d'une carrière politique exceptionnelle --élu député en 1997 à 26 ans, trois mandats successifs de Premier ministre depuis 1997--, M. Ahern s'est dit particulièrement fier de la réussite économique du "Tigre celtique". Il a également cité son rôle dans l'accord de paix du Vendredi Saint en 1998 en Irlande du Nord, dont il était le co-parrain avec son homologue britannique Tony Blair. L'ancien Premier ministre a d'ailleurs été l'un des tout premiers à rendre hommage à M. Ahern, une "figure clef en Europe", "un homme remarquable avec un bilan remarquable", tandis que le Premier ministre Gordon Brown a salué un "homme d'Etat extraordinaire". M. Ahern a précisé que le 6 mai, il démissionnerait également de la tête de son parti centriste, le Fianna Fail, dont il était devenu le plus jeune président en 1994, à l'âge de 43 ans. Son successeur à ce poste, qui sera choisi lors d'un vote, deviendra automatiquement le prochain Premier ministre. Sauf surprise, le nouveau chef du gouvernement irlandais devrait être l'actuel ministre des Finances Brian Cowen, adoubé par avance par M. Ahern lui-même. Le prochain Taoiseach se retrouvera rapidement plongé dans le grand bain, avec quelques semaines après sa prise de fonction la charge d'un référendum sur le traité européen de Lisbonne à l'issue incertaine, annoncé pour la 2e semaine de juin. L'Irlande est le seul des 27 pays de l'Union Européenne tenu, de par sa Constitution, d'organiser un référendum à ce sujet. Le dernier sondage, publié début mars, crédit le "oui" de 46% des intentions de vote, contre 23% pour le "non" et 31% d'indécis. La démission annoncée de M. Ahern pourrait également contrarier son avenir européen, alors que son nom circule parmi les candidats possibles au poste de futur président de l'Union européenne. La Pologne avait affirmé qu'elle le soutiendrait s'il décidait de se présenter.
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