Voici l’analyse du Nouvel Observateur sur la défaire du Mouvement démocrate.
Le parti de François Bayrou, qui a essuyé une défaite à Pau, ne conserve qu'un seul conseiller de Paris contre 10 auparavant. Seule conquête d'une ville de plus de 30.000 habitants : Mont-de-Marsan.
Le premier test électoral du Mouvement démocrate s'est soldé, dimanche 16 mars au soir, par la défaite de son président François Bayrou à Pau et par la quasi disparition des représentants du MoDem au conseil de Paris.
Ces résultats, qui éclipsent largement la conquête de Mont-de-Marsan et la réélection de plusieurs maires sortants, constituent un échec personnel pour le leader centriste, très isolé depuis sa troisième place à la présidentielle de 2007, et qui espérait faire de Pau un tremplin pour ses ambitions nationales.
Ils pourraient aussi mettre à mal l'unité de son nouveau parti, officiellement fondé en décembre 2007, dont la stratégie d'alliances à la carte entre les deux tours a suscité des dissensions internes.
Une "image complètement gâchée"
"Plus personne ne sait où on habite", regrette ainsi le député européen Thierry Cornillet, qui déplore une "image complètement gâchée" et a annoncé dimanche soir son intention de créer "au sein du MoDem un courant résolument de centre droit".
Avec 38,81% des voix, le député des Pyrénées-Atlantiques a été battu sur ses terres de Pau de moins d'un point par la liste de la socialiste Martine Lignières-Cassou, le maire sortant Yves Urieta (ex-PS), soutenu par l'UMP, étant largement distancé (21,42%).
A Paris, le MoDem ne conserve qu'un siège au Conseil de Paris, celui de sa chef de file dans la capitale, Marielle de Sarnez, comparé à dix sièges dans la précédente mandature.
Les listes MoDem à Paris avaient réalisé au premier tour un score moyen de 9,06% et, faute d'un accord électoral avec le maire PS sortant Bertrand Delanoë, qui n'avait pas répondu aux appels de Marielle de Sarnez, s'étaient maintenues dans trois arrondissements, tout en se sachant menacées par le mode de scrutin.
"Coup de balancier"
Dans sa première réaction, François Bayrou a évoqué pour Pau "le résultat d'une manœuvre dont tout le monde connaît l'inspiration et les détails". Allusion à Nicolas Sarkozy qui, selon le MoDem, avait personnellement piloté le soutien à Yves Urieta afin de barrer la route au "troisième homme" de la présidentielle, déjà très affaibli depuis l'échec de son parti aux législatives.
"A moins de dix mois d'intervalle, coup de balancier à droite, coup de balancier à gauche": pour François Bayrou, les résultats nationaux des municipales témoignent cependant d'une "instabilité de la vie politique française" qui nécessite plus que jamais de construire en France "un centre fort, stable".
Visiblement déçu mais combatif, il a également blâmé le mode de scrutin, fustigeant une "loi électorale qui (...) empêche la juste représentation" des petits partis.
Victoires dans de plus petites municipalités
Le parti centriste a perdu les mairies d'Anglet et de Noisy-le-Sec, prise par les socialistes.
Il a effectué une seule conquête dans les villes de plus de 30.000 habitants: Mont-de-Marsan, où sa candidate a battu le maire PS sortant.
Il peut également se consoler avec des victoires dans des villes plus petites, comme Paimpol, L'Aigle (Orne) et Saint Leu (La Réunion).
Des maires sortants ont été réélus, à Saint-Brieuc, Biarritz et Talence.
D'autres l'avaient été dès le premier tour, à Arras, Montigny-le-Bretonneux, Epinay-sur-Seine, Hérouville-Saint-Clair, Ville d'Avray et Le-Plessis-Trevise.
Le MoDem a commencé, lors de cette élection, à tisser un réseau de conseillers municipaux. Mais là encore, le résultat est probablement en deçà de ses ambitions puisque des listes avec lesquelles il avait fusionné au second tour ont perdu, comme celle du candidat PS à Marseille et celle du maire sortant apparenté UMP à Toulouse.
© Le Nouvel Observateur 2008
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