La campagne de Barack Obama pour l'investiture démocrate à la présidentielle américaine est ébranlée par une série de gaffes et faux-pas qui donnent des munitions inespérées à Hillary Clinton, en pleine résurgence après sa triple victoire électorale mardi. Vendredi, il a suffi de quelques heures pour qu'une conseillère de M. Obama en politique étrangère, Samantha Power, 37 ans, démissionne après avoir traité Mme Clinton de "monstre" dans un quotidien britannique, The Scotsman. Ces quelques heures ont cependant été mises vigoureusement à profit par le camp Clinton qui a fait de l'affaire rien moins qu'un "test du caractère" de M. Obama, dont l'entourage était accusé de "tomber dans le caniveau". Mme Clinton en a rajouté, estimant que même si Mme Power avait démissionné, l'affaire soulevait "des questions troublantes" sur l'équipe Obama.
Jusqu'à son dénouement et la démission de Mme Power, professeur à Harvard et éditorialiste à l'hebdomadaire Time, l'incident avait immanquablement rappelé une autre affaire mettant en cause un autre jeune conseiller de M. Obama, l'économiste Austan Goolsbee, 38 ans. M. Goolsbee, professeur à l'université de Chicago, est cité dans une note d'un diplomate canadien comme ayant expliqué que les critiques de M. Obama contre l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain) ne reflétaient pas son engagement en faveur du libre-échange. Depuis que ce mémo diplomatique a été révélé, il ne se passe pas un jour sans que l'équipe Clinton ne mette en cause le supposé double langage de Barack Obama. L'ironie étant que, selon le chef de cabinet du Premier ministre canadien cité dans la presse locale, c'est en fait l'équipe Clinton qui avait cherché à rassurer Ottawa en indiquant que ses critiques de l'Alena n'étaient pas à prendre au pied de la lettre - information qu'un porte-parole de Mme Clinton a "catégoriquement démentie" vendredi. Le même jour, le directeur de campagne de M. Obama, David Plouffe, a convenu que l'affaire Goolsbee avait été mal gérée, "de toute évidence nous aurions aimé que cela soit mené différemment", a-t-il dit. Reste qu'au terme d'une mauvaise semaine marquée par une triple défaite électorale et l'ouverture à Chicago du procès d'un homme d'affaires connu pour avoir financé les précédentes campagnes de M. Obama, l'impression d'"amateurisme", selon l'expression d'un proche de Mme Clinton, James Rubin, conseiller en politique étrangère, est tenace. Elle est aussi alimentée par une autre déclaration malheureuse de Mme Power, affirmant à la BBC que l'engagement de M. Obama de retirer d'Irak toutes les troupes de combat en 16 mois, n'était que "le scénario le plus optimiste", susceptible d'être révisé. S'est ajoutée la déclaration d'une autre conseillère de M. Obama, Susan Rice, qui en voulant contester l'assertion du camp Clinton selon laquelle M. Obama ne serait pas apte à décrocher le téléphone rouge de la Maison Blanche en pleine nuit, a déclaré qu'"ils n'étaient prêts ni l'un ni l'autre à répondre à ce coup de téléphone de 03H00 du matin". M. Obama ne s'est pas non plus créé d'occasion pour détourner l'attention de la presse, ayant réduit au minimum ses activités de campagne depuis les primaires de mardi, avec seulement deux rassemblements publics, vendredi, dans le Wyoming. D'autant que son agacement visible face à la mauvaise presse de ces derniers jours prend l'allure d'un pari risqué. "Beaucoup d'entre vous, dans la presse, vous êtes laissés persuader que vous aviez été trop durs avec elle (Mme Clinton), trop doux avec moi", a-t-il reproché mercredi à la presse. "Avec un peu de chance, maintenant, vous trouverez que nous sommes à égalité, et nous allons pouvoir finir par couvrir la campagne correctement", a-t-il lancé. L'écart entre les deux rivaux se resserre avec 45% des électeurs démocrates favorables à Obama et 44% à Clinton, selon un sondage réalisé pour le magazine Newsweek les 5 et 6 mars.
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