Dans un entretien au Figaro, le ministre de la Défense revient sur la place du Nouveau Centre au sein de la majorité.
Le Figaro. Comment expliquez-vous la chute de Nicolas Sarkozy dans les sondages ?
Hervé MORIN. Les fluctuations de sa popularité ne m'intéressent pas. Les sondages sont à la démocratie ce que les cours de Bourse sont à l'économie réelle. Ce qui compte c'est sa légitimité tirée de son élection. Le président de la République dispose d'une majorité parlementaire solide et l'opinion désire très majoritairement une politique de changement: voilà ce qui compte. Nicolas Sarkozy a été élu sur l'idée même du changement. Et qui peut nier que notre pays a besoin de se transformer en profondeur pour s'adapter à un monde dans lequel la liberté est le moteur principal. Quels que soient les états d'âme ou les résultats des élections, ce changement doit se poursuivre.
Dans cette période de turbulence, le Nouveau Centre a-t-il la recette miracle pour permettre à la majorité de rebondir ?
Une fois encore, l'enjeu c'est que la France retrouve le chemin de la liberté aujourd'hui emprunté partout dans le monde. C'est bien la liberté qui fait aujourd'hui évoluer des ensembles aussi importants que la Chine, l'Inde ou l'Amérique latine. Alors que notre engagement pour la liberté constitue nos racines, notre identité profonde, notre pays semble envahi par les sentiments de crainte, de défiance. Bertrand de Jouvenel dénonçait le risque de voir un peuple privilégier des sécurités et des droits sociaux au point de sacrifier ses libertés. Je préfère une société juste et régulée par le droit plutôt qu'une société dominée par l'État. Et bien, je veux que le Nouveau Centre soit le parti de la liberté. Une liberté déployée, dans la vie politique, économique et individuelle. Une liberté qui suscite la responsabilité et garantisse la récompense de l'effort et du risque, de l'innovation, de la production de richesses.
Concrètement, quelles idées voulez-vous faire avancer au sein de la majorité ?
D'abord la réforme de l'État. Je sais que c'est une des ambitions du premier ministre et du président de la République. Ils nous trouveront toujours derrière eux pour la faire avancer. Nous nous battrons par exemple, dans le cadre de la révision constitutionnelle pour inscrire l'obligation pour l'État de présenter un budget en équilibre. Nous nous battrons aussi pour affirmer l'indépendance totale du pouvoir judiciaire, notamment pour les procédures de nomination. Nous voulons aller plus loin en matière de liberté locale. Nous avons toujours été pour la fusion des régions et des départements. Il faut simplifier le système pour l'alléger, le rendre plus efficace et recréer de la responsabilité devant les électeurs.
Que pèse aujourd'hui le Nouveau Centre pour défendre ce projet ?
Nous sommes un parti en cours de structuration. En neuf mois, nous avons atteint 8?000 adhérents. Les élections municipales vont nous permettre de constituer un maillage territorial grâce à nos 70 têtes de liste et 300 chefs de file. Après le scrutin, nous aurons sans doute près de 5?000 élus locaux.
Cela restera bien peu, à côté de l'UMP.
Je suis prêt à prendre le pari que nous gagnerons des villes grâce au Nouveau Centre. Je pense à Agen, Castres, Chinon. À Caen ou à Annecy, nous pouvons être en tête de la primaire avec l'UMP.
Le Nouveau Centre doit-il entrer dans la confédération que Nicolas Sarkozy appelle de ses vœux ?
Dans la majorité, nous voulons être l'aimant de tous ceux qui veulent conjuguer liberté et modernité ainsi que l'idéal européen. Nous devons être en mesure de porter de manière autonome cette ambition dans certains scrutins comme les européennes de 2009 ou les régionales de 2010. Attention au piège d'une confédération qui rétrécirait le champ politique. Il faut au contraire élargir la majorité. Mais nous ne sommes pas hostiles à davantage de coordination.
Sous la houlette de François Fillon, comme le suggère Patrick Devedjian ?
François Fillon incarne une vraie volonté politique, une vraie vision de la réforme et de l'intérêt général. C'est un excellent premier ministre. Je l'ai toujours dit, bien avant qu'il monte dans les sondages. Il est naturellement le chef de la majorité, comme tout premier ministre sous la Ve République.
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