Les trente sénateurs du groupe de l’Union centriste-UDF ont été reçus à l’Élysée par Nicolas Sarkozy. Une rencontre qualifiée « d’amicale » par le président du groupe, Michel Mercier. C’est dire que les sénateurs centristes ne souscrivent pas tous à l’entrée en « résistance » à laquelle les invite François Bayrou. Le 4 juillet dernier, d’ailleurs, ils avaient été 29 sur 30 à voter en faveur la déclaration de politique générale de François Fillon. Au Sénat, deux centristes, Jean Arthuis, président de la commission des finances, et Nicolas About, président de la commission des affaires sociales, exercent même des responsabilités qu’il leur serait difficile de garder s’ils s’écartaient trop ostensiblement de la majorité. Dans ces conditions, si 26 membres du groupe se sont affiliés au Mouvement démocrate, il ne faut pas y voir une allégeance sans réserves à Bayrou ni un blanc-seing à sa stratégie. Mais plutôt des raisons financières : il s’agissait de savoir dans quelle caisse seraient versés les 45 000 euros annuels que rapporte chaque parlementaire au titre du financement public des partis politiques. Faute d’avoir rempli les conditions aux législatives, le Nouveau Centre n’est pas éligible à cette manne. C’est donc à l’UDF devenue MoDem que les sénateurs centristes offrent la part de financement qu’ils génèrent.
« Cela ne change rien à ma position par rapport au gouvernement, assure Jean Arthuis, je suis d’abord UDF, je soutiens le gouvernement et je m’efforce de l’aider à permettre à la France de retrouver sa compétitivité. » Michel Mercier ne nie pas que le groupe UDF puisse s’inscrire dans la majorité. « Notre groupe est composé de sénateurs libres et responsables », ajoute-t-il. Une liberté qui autorise toutes les nuances entre ceux qui refusent absolument la stratégie de Bayrou et les rares qui, comme Jacqueline Gourault, continuent à le suivre sans aucun état d’âme. La plupart savent très bien où ils devront chercher des appuis aux municipales et cantonales. Jean Arthuis, par exemple, préside le conseil général de la Mayenne dans une alliance avec l’UMP. Il reste que quatre sénateurs du groupe ont refusé de s’affilier au Mouvement démocrate : Pierre Fauchon (Loir-et-Cher), Yves Pozzo di Borgo (Paris), Jean-Paul Amoudry (Haute-Savoie) et Jean-Léonce Dupont (Calvados). Ils ont affecté leur part de financement public soit à l’UMP, soit au Fetia Api, le parti centriste polynésien avec lequel le Nouveau Centre d’Hervé Morin a passé un accord. Pozzo di Borgo milite pour un « regroupement des centres sans Bayrou ». Quant à Fauchon, il fustige la stratégie de Bayrou dans une lettre à ses collègues : selon lui, « le fanatisme de quelques-uns et l’inconscience de quelques autres » ont « ruiné la cohérence politique du groupe UDF ». Il s’en tient à la motion adoptée par le groupe le 3 juillet dernier, affirmant son « positionnement confiant, constructif et vigilant à l’égard de la politique mise en œuvre par le gouvernement ».