Jean-Marie Cavada, après avoir hésité, a décidé de se présenter aux élections municipales sous la bannière UMP dans le XII° arrondissement de Paris. Il explique son choix dans Le Figaro
L’UMP vous propose de conduire la liste de la majorité dans le XIIe arrondissement de Paris depuis juillet. Avez-vous pris votre décision définitive ?
Oui. J’ai accepté la proposition de l’UMP. En juillet, j’étais chargé d’organiser le forum des démocrates du MoDem, dont l’ambition me convenait. Je suis un homme de centre gauche, un enfant du Delors des années Chaban et du Rocard période Matignon. Pour moi, la France dans l’Europe est la seule réponse possible à la mondialisation, à condition de ne pas se crisper sur le passé. Il est clair que les pays qui s’adaptent résistent mieux à la mondialisation. Ceux qui se crispent souffrent beaucoup plus. Il faut rassembler les énergies nationales autour de réformes justes et aider à les négocier équitablement. François Bayrou l’a dit durant la campagne présidentielle, mais c’est Nicolas Sarkozy qui fait bouger la France. Il est allé chercher les meilleurs pour réussir les réformes que nous aurions dû faire il y a trente ans. Toutes les lignes politiques et syndicales bougent, jusqu’à la CGT. Et pendant qu’il agit, certains attendent son échec, tout en spéculant sur l’affaiblissement de la gauche pour la croquer. Moi, je ne veux pas bâtir une carrière politique sur les ruines de mon pays.
Le reproche vise-t-il François Bayrou ?
François Bayrou a un programme romantique, mais un tempérament qui lui fait refuser l’obstacle de la décision. S’il avait voulu que ses idées prévalent, iI aurait pu négocier une alliance de gouvernement sur la base d’un programme minimal : relance de l’Europe, revalorisation des bas salaires, priorité à l’éducation, la culture et la recherche, et introduction de la proportionnelle pour garantir un soutien plus large aux réformes. Il s’y est refusé.
Allez-vous rejoindre le Nouveau Centre ?
Non. J’ai voulu accompagner François Bayrou jusqu’aux limites de la loyauté, pour des raisons essentiellement humaines, et par fidélité aux militants. Lors de la création du MoDem, je pensais que les zones de faiblesse de cette formation pouvaient être corrigées collectivement, pas en catimini. Mais aujourd’hui, j’ai épuisé tous les recours de la loyauté. Je refuse que les militants de l’UDF-MoDem soient sacrifiés aux négociations municipales ou à l’échéance présidentielle de 2012. Le prochain du MoDem doit selon moi répondre à deux exigences : faire en sorte que l’arrivée des nouveaux adhérents ouvre enfin des débats collectifs et ne jette pas par-dessus bord les Européens que sont les UDF, et instaure enfin la démocratie interne.
Vous considérez-vous toujours comme un membre du MoDem ?
Oui. Je vais conduire une liste de candidats de rassemblement soutenue par l’UMP, mais aussi par des personnalités venues d’ailleurs. À ceux qui menacent de m’exclure, je rappelle que les adhérents et les sympathisants du MoDem parisien, notamment, demandent des primaires. Pourquoi des accords de premier tour avec la droite ou la gauche seraient-ils possibles à Bordeaux, à Saint-Brieuc, à Dijon ou à Pau, où François Bayrou lui-même est tête de liste, et pas à Paris ? Au temps de sa splendeur paisible, Bayrou disait que les municipales ne peuvent pas être assimilées à un scrutin national, ce qui permettait en effet de faire alliance avec les meilleurs. Je suis toujours sur cette position, à une condition : qu’on fasse tomber les masques. Les électeurs du MoDem doivent savoir pour qui ils voteront en réalité au deuxième tour si les candidats qui sont en tête de listes arrivent en troisième position. Seront-ils appelés à voter pour Bertrand Delanoë et l’union PS-Verts, ou pour les membres de la majorité et les quelques éléments de la gauche qui se rassemblent autour de Françoise de Panafieu ? J’appelle les militants du MoDem à réclamer cette clarification dès avant le premier tour. S’ils ne l’obtiennent pas, cela voudra dire que les candidats de leur parti se vendront au plus offrant. Ce sera de la politicaillerie.
Le MoDem affirme que c’est Nicolas Sarkozy qui vous a convaincu d’accepter la proposition de l’UMP, en vous promettant en contrepartie une place au gouvernement. Est-ce le cas ?
J’ai effectivement vu Nicolas Sarkozy le 9 novembre, mais il ne m’a pas promis de ministère ! Pour tout vous dire, il m’avait fait une proposition gouvernementale entre les deux tours de la présidentielle, et je l’avais déclinée. Je l’ai d’ailleurs dit à François Bayrou. Lors de mon dernier entretien avec le président de la République, nous avons parlé d’Europe. Je lui ai demandé que l’immigration fasse partie des priorités de la présidence française de l’Union, et il m’a répondu oui. Nous avons aussi évoqué les municipales. Il ne m’a pas fait de demande pressante, mais il m’a expliqué que le XIIe était un arrondissement stratégique. Je lui ai dit que j’y réfléchirai. Aujourd’hui, ma décision est prise.
Allez-vous prendre Christine Lagarde comme deuxième de liste ?
Je la connais très peu, mais j’apprécie qu’elle accepte de renoncer au Havre, où son avenir était quasiment assuré, pour venir mener un combat difficile à Paris. C’est un honneur de l’avoir à mes côtés.