Dans une interview au site internet de l’hebdomadaire Marianne, Corinne Lepage, présidente de Cap 21, un des partis du futur MoDem critique la manière de procéder de François Bayrou à quinze jours du congrès fondateur du nouveau parti. Elle ne veut pas des statuts qui donnent au président du parti tous les pouvoirs tandis que la question du développement durable est sous-traitée. Un risque, selon elle, de décevoir de nombreux militants. Voici les principaux extraits de cette interview.
Le 7 novembre, le Modem a rendu publics ses statuts et vous a associée à leur élaboration. Vous vous êtes alors fendue d'un communiqué pour expliquer que Cap 21 ne s'était pas mêlé à l'élaboration de ces statuts : pourquoi n'avez-vous pas voulu y être associée ?
J'ai participé à deux réunions auxquelles François Bayrou m'a très correctement conviée. Ce que j'ai dit c'est que ce qui en était sorti n'était pas ce sur quoi nous nous étions mis d'accord au cours de ces réunions. En réalité, les statuts qui en sont sortis, tout du moins le projet de statut, est un quasi copié-collé des statuts de l'UDF. Nous sommes très enthousiastes, et ce depuis le début, dans la création du Modem parce que nous pensons qu'un mouvement démocrate pourrait être quelque chose de profondément révolutionnaire, au sens le plus noble du terme, dans la vie politique française, en tant qu'il serait un vrai mouvement démocratique. Mais nous pensons qu'on ne peut pas exiger de promouvoir la démocratie à l'extérieur si on ne commence pas par s'appliquer à soi-même les règles démocratiques. Dans un parti politique, pour nous, les règles démocratiques ça veut dire utiliser au maximum le système de l'élection. Or, dans les statuts qui nous sont proposés, c'est en réalité le président, élu pour trois ans, qui a tous les pouvoirs et qui nomme, en particulier, le comité exécutif qui va l'entourer et une grande partie du bureau politique, et cela ne nous paraît pas compatible avec les principes pour lesquels nous nous battons. J'ajoute à cela, et je l'avais dit à Seignosse (lors de l'université d'été du Modem, NdR), que nous sommes énormément attachés à la collégialité et que je ne trouve pas que les statuts, ni le fonctionnement actuel, soient réellement collégiaux. J'ajoute enfin que si moi-même et mes amis de Cap 21 sommes en politique, c'est pour défendre un projet de développement durable. Or, en l'état, je ne vois pas dans les grands objectifs programmatiques que se donne le Modem, si tant est qu'il y en ait, cet objectif-là comme étant l'objectif majeur, celui qui englobe les autres.
Est-ce que ce constat pourrait amener à modifier la nature des accords entre Cap 21 et le Modem ?
Nous sommes toujours partie prenante à la fondation du Modem mais j'ai reçu un mandat pour participer à la fondation du Modem qui impliquait une autonomie financière et le respect des grandes orientations de notre programme. Cette autonomie financière reposait sur un engagement écrit. Nous avons renoncé, parce que François Bayrou le souhaitait, à un système confédéral, et donc nous sommes d'accord pour un parti unitaire, et je l'ai dit très clairement, mais en revanche ce que nous représentons au sein du Modem, c'est à dire cette image écologique, très grande exigence de collégialité… c'est pour nous la pierre angulaire, notre raison d'y être et c'est la raison d'y être de nombreux militants.