Le Parti démocrate et le Parti républicain ont toujours eu
une aile « centriste » qui fait pendant à leurs ailes
« libérales » et « conservatrices », plus engagées
respectivement à gauche et à droite. Depuis le milieu des années 1990 et de la
présidence de Bill Clinton, les démocrates ont même leur mouvement centriste,
Third Way, qui a ensuite inspiré Tony Blair en Grande Bretagne pour créer son
New Labour.
Pour les prochaines élections présidentielles de novembre
2008, la favorite est Hillary Clinton – largement en tête des sondages
d’opinion actuellement - qui se positionne au centre de la vie politique
américaine tout comme, d’ailleurs, son concurrent à l’intérieur du Parti
démocrate, Barack Obama, qui répète sans cesse qu’il faut parler avec tout le
monde et gouverner le plus largement possible. Idem pour son adversaire
principal pour l’instant au Parti républicain, l’ancien maire de New York,
Rudolph Giuliani, même si celui-ci joue des muscles pour démontrer son
intransigeance en matière de sécurité avec une posture assumée de
« Churchill américain »...
Mais cette forte présence des Centristes américains n’est
pas du goût des extrêmes de chaque camp. On connaît depuis longtemps la haine
de la droite évangélique pour Hillary Clinton et les « réserves »
vis-à-vis de Républicains du style Giuliani, marié trois fois, pro-avortement
et ami des gays. Cependant, la virulence vient ces derniers temps du spectre
opposé de la vie politique. Ainsi, depuis plusieurs mois, c’est la gauche du
Parti démocrate, avec les « libéraux » les plus à gauche, qui mène
une offensive contre les Centristes de son camp à coup de publicités dans les
journaux et de campagnes sur internet grâce à des sites comme moveon.org ou le
réseau kos. Les reproches sont connus : ils concernent tous les mouvements
centristes dans le monde, c’est-à-dire leur modération et leur ouverture, leur
volonté de rassemblement et non de confrontation, leur idée que l’on peut faire
évoluer la société à la fois économiquement et socialement qu’en en respectant
les équilibres.
Car si l’élection de George W. Bush ainsi que le programme
de Karl Rove de construire une « grande société conservatrice » (en
réponse au projet de « grande société » démocrate des années
soixante) et, avant cela, la « révolution conservatrice » du fameux
leader au Congrès Newt Gingrich surfant sur la présidence de Ronald Reagan
viennent de la radicalisation de la droite américaine, en réaction, la gauche
se radicalise aussi et ce mouvement n’a fait que se renforcer avec la faillite
du gouvernement en place dans de multiples domaines comme la guerre en Irak.
Cependant, il existe une réalité contre laquelle les
activistes de gauche du Parti démocrate sont impuissants : les citoyens
américains demandent une gouvernance apaisée au centre. Et dans les récentes
élections, ils ont confirmé à chaque fois cette orientation. Ainsi, pour obtenir
une majorité démocrate à la Chambre des représentants et au Sénat, les
dirigeants du Parti démocrate ont du présenter des candidats modérés.
D’ailleurs, au Congrès, les élus démocrates centristes sont les plus nombreux.
Néanmoins, ces derniers sont inquiets sur la mainmise grandissante de la gauche
sur la base du parti car ils savent bien que si les démocrates se radicalisent,
ils n’ont aucune chance d’attirer à eux les électeurs
« indépendants » (qui ne se disent affiliés à aucun parti) et à
gagner l’élection présidentielles de 2008. C’est pourquoi, à cette offensive de
la gauche répond dorénavant une offensive du centre qui met en garde, entre
autres, contre un discours jusqu’au-boutiste qui ne peut qu’effrayer une
importante partie de l’électorat. Reste que les libéraux ont un allié hors
pair : George W. Bush !