Dans le quotidien La Croix, le journaliste Laurent de Boissieu fait le point sur les divisions du Centre entre Nouveau Centre, UDF et Mouvement démocrate à propos des prochaines élections municipales auprès des élus locaux et des sénateurs du groupe UDF souvent déboussolés par la situation actuelle.
« Les présidents d’exécutifs locaux, membres de l’UDF, n’ont pas tous choisi entre le MoDem et le Nouveau Centre mais devront trancher avant les élections municipales et cantonales
Le MoDem, combien de divisions ? Bien malin qui peut répondre à cette question, tant la situation demeure confuse au Sénat et dans les assemblées locales. Seuls les députés centristes ont dû trancher lors des élections législatives de juin dernier. La plupart d’entre eux ont signifié leur appartenance à la majorité présidentielle en formant le groupe Nouveau Centre. Seule une petite minorité décidant, comme François Bayrou, de siéger parmi les non-inscrits. Ils sont quatre députés centristes dans ce cas.
Au Sénat, les tensions sont fortes au sein du groupe Union centriste-UDF entre les pro-MoDem (Michel Mercier, Jacqueline Gourault) et les pro-Nouveau Centre (Jean-Léonce Dupont). Ces derniers espèrent créer, après la rentrée parlementaire, leur propre groupe, mais les reclassements politiques se heurtent souvent, sous les lambris du palais du Luxembourg, au poids de l’histoire.
Dans les assemblées locales, pas davantage de bouleversements, sauf dans les collectivités les plus imprégnées par la vie politique nationale. À Paris, le groupe UDF a ainsi éclaté dès juin entre les « Nouveau Centre et indépendants » (Yves Pozzo di Borgo) et les MoDem (Didier Bariani, Marielle de Sarnez), auxquels se sont également ralliés des dissidents des Verts. Et dans les Hauts-de-Seine, le groupe UDF a fusionné avec celui de l’UMP pour former un groupe unique de la majorité départementale.
La vie politique locale poursuit son chemin
Mais, partout ailleurs, la vie politique locale poursuit son chemin loin des psychodrames et des reclassements nationaux. Y compris là où le chef de l’exécutif a clairement affiché son choix. « Je suis depuis toujours de sensibilité de centre droit, argumente Jean-Luc Rigaut, maire d’Annecy et conseiller général de Haute-Savoie. Je pense aujourd’hui que c’est au Nouveau Centre que je retrouve le mieux les valeurs qui m’avaient fait adhérer à l’UDF derrière Bernard Bosson. »
Il assure que les conseillers municipaux UDF l’ont « globalement suivi » au Nouveau Centre. Même unanimité à Mende, où Jean- Jacques Delmas, maire et conseiller général de Lozère, a adhéré, lui, au MoDem. « Je suis pour la constitution d’un nouveau parti avec des personnes venant d’autres courants politiques, et pas seulement du centre droit », explique l’ancien député UDF en affirmant que, localement, « tout le monde est favorable à cette ligne politique ».
Présidents de conseils généraux et proches de François Bayrou, Michel Mercier (Rhône) et Jean- Jacques Lasserre (Pyrénées-Atlantiques) affichent une même sérénité face à leur majorité départementale composée de groupes UDF et UMP. « Nous sommes dans un département un peu particulier, puisque c’est celui de François Bayrou et Jean Lassalle, expose Jean-Jacques Lasserre. L’élection présidentielle et les élections législatives ont suscité des débats vifs et animés mais je me suis attaché à ce que l’exécutif départemental et le groupe UDF restent unis. Quand on est en prise avec la gestion directe d’un territoire, on peut gouverner sans tenir compte des classifications politiciennes dans lesquelles la France s’enferme. »
"La famille centiste joue contre elle"
Quant à Michel Mercier, il insiste sur le fait que la majorité au conseil général du Rhône « se fait aujourd’hui autour de l’UDF et avec l’UMP », et qu’il est donc prématuré de parler de conseillers généraux MoDem ou Nouveau Centre. D’autant plus que le groupe « UDF, radical et indépendant » comprend également quelques adhérents de l’UMP membres du Parti radical de Jean-Louis Borloo et André Rossinot…
Même discours de la part de Bruno Joncour, maire de Saint-Brieuc et conseiller général de Bretagne. « Je ne suis pas Nouveau Centre et je ne suis pas encore MoDem, précise-t-il. Jusqu’à preuve du contraire l’UDF existe toujours et j’en suis membre. Mais je suis de ceux qui pensent que les élections municipales constituent un enjeu local. Les critères de composition de mon équipe municipale ne sont pas fondés sur l’appartenance à une formation politique mais sur l’adhésion à un projet local. »
« J’étais UDF et je demeure UDF », renchérit le sénateur Joseph Kerguéris, président du conseil général du Morbihan. Avant de dénoncer ceux qui « veulent cristalliser les positions pour créer des oppositions », ce qui l’a amené à démissionner cet été de la présidence de la fédération départementale de l’UDF. « La famille centriste joue contre elle et prend un malin plaisir à se couper en morceaux, regrette-t-il. Nous allons aboutir à un carpaccio de centristes. Moi, j’attends. » Une ligne que partage également l’ancien ministre Jean Arthuis, président du conseil général de la Mayenne et de la commission des finances du Sénat, qui rêve même d’une UDF réunissant « ceux qui sont partis en 2002, ceux qui ont rejoint le Nouveau Centre et les nouveaux adhérents du MoDem ». L’heure du choix va pourtant bientôt sonner, avec les congrès fondateurs du MoDem et du Nouveau Centre, avant les élections cantonales et municipales de mars 2008.
Troisième voie
Reste une troisième voie : ne pas choisir entre les deux partis. « Mon mari était un des fondateurs de l’UDF et je suis restée UDF par fidélité familiale, raconte Anne d’Ornano, présidente du conseil général du Calvados. Mais maintenant je n’ai plus envie de m’inscrire dans un parti politique. Ce sont des problèmes qui sont hors conseil général. Or, c’est pour le département que travaille ma majorité, dont beaucoup d’élus ne sont pas inscrits à un parti. »
Une position adoptée par Charles Buttner, président du conseil général du Haut-Rhin, et par Pierre Albertini, maire de Rouen. « Après mûre réflexion, avait expliqué ce dernier juste après la présidentielle, j’ai décidé de rejoindre le peuple, très largement majoritaire dans notre pays, des Français n’appartenant à aucun parti politique. »
Site politique sur le Centre et le Centrisme
samedi 22 septembre 2007
Actualités du Centre. La grande mue d’une UDF centre-droit à un Mouvement démocrate centre-gauche
Dans un article du Valeurs Actuelles, le journaliste Arnaud Floch, études d’opinions à l’appui, dresse le portait des nouveaux électeurs de Bayrou
« Soudain, François Bayrou a blêmi. C’était samedi soir, lors d’un débat consacré à la construction du Mouvement démocrate, dans le cadre de son forum de rentrée à Seignosse (Landes). Député d’Ille-et-Vilaine, Thierry Benoît plaide en faveur de la « tradition d’alliance de l’UDF vers la droite ». Assis à côté de lui, le président du MoDem ne tient plus en place. Puis il prend la parole pour le rabrouer sèchement : « Tu es obsédé par la droite alors que tu as été élu par la gauche, s’emporte-t-il.
Franchement, s’ils avaient su que tu étais tellement de droite, je ne suis pas sûr que tu aurais été élu. » Une colère et des propos ô combien révélateurs. Le refus de Bayrou d’appeler à voter pour Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle – rompant ainsi le “pacte” qui unissait l’UDF au RPR, puis à l’UMP, depuis trente ans – a fait littéralement exploser les lignes. La majeure partie des électeurs centristes traditionnels est retournée au bercail majoritaire, remplacée par un nouvel électorat, se situant clairement à gauche. Le principe des vases communicants appliqué en politique.
Âge, profession, répartition géographique : « la mutation a été aussi rapide qu’elle est profonde », constate Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop. Jusqu’à l’électrochoc de l’entre-deux-tours de la dernière présidentielle, et malgré les coups de barre répétés de Bayrou à gauche (dont le point d’orgue fut le vote en 2006 de la motion de censure contre le gouvernement Villepin déposée par le PS), le profil, solidement ancré, des électeurs UDF n’avait guère varié depuis l’origine : plutôt âgés, plutôt aisés, souvent ruraux. « Les électeurs de centre-droit constituaient notre socle, affirme Pierre-Christophe Baguet, premier député UDF à avoir appelé à voter pour Sarkozy avant même le premier tour. En se coupant d’eux, Bayrou a tout fait voler en éclats. » À nouvelle “ligne”, nouveaux venus. « Il y a eu un coup de balancier à gauche, observe Frédéric Dabi. Les électeurs du MoDem se sont “socialisés” par rapport à ceux de l’UDF ».
« Glissement générationnel », d’abord : alors que les plus de 65 ans représentaient 29 % des sympathisants en 2004 (soit la part la plus importante des bataillons centristes), ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui. Dans le même temps, la proportion des 18-24 ans a littéralement explosé : de 5 % en 2004, elle est passée à 15 %. Trois fois plus ! « Les jeunes ont été séduits par le côté courageux et un peu “anti-establishment” de Bayrou. Il n’est pas dans le moule, il va jusqu’au bout de sa logique : ça tranche avec les autres et ça leur plaît », assure, pour s’en féliciter, l’eurodéputé Bernard Lehideux, l’un de ses plus proches conseillers. De tous les grands partis, et après le PS, le MoDem est devenu le plus jeune. Or ce sont ces derniers qui votent le plus à gauche. Très majoritairement.
Autre révélation du sondage : l’évolution socioprofessionnelle des sympathisants centristes. Elle confirme leur basculement idéologique. Parmi ceux qui travaillent, ce sont désormais les professions intermédiaires – passées de 14 à 21 % – qui dominent. « Gros bataillons de celles-ci, les cadres moyens et enseignants ont toujours constitué le socle électoral du parti socialiste auquel celui du MoDem tend à ressembler », note Frédéric Dabi. Idem avec les employés, ancrés à gauche, dont la part a presque doublé – de 7 à 12 %. Inversement, le poids des agriculteurs – de droite – ne représente plus que… 1 % des électeurs centristes. Motif : « Ils ne se reconnaissent plus dans le nouveau discours du MoDem », décrypte le directeur du département Opinion de l’Ifop. « Surtout depuis que Bayrou s’affiche avec des anciens Verts, comme Bennamias ! », relève Baguet.
Troisième mutation, et non des moindres : celle de la domiciliation géographique. En 2002, 27 % des électeurs du MoDem vivaient dans de petites communes rurales. Une marque de fabrique centriste. Six ans plus tard, ils ne sont plus que 20 %. “Boboïsation” du parti oblige, ce qu’il a perdu à la campagne, l’ex-UDF l’a retrouvé à Paris. En 2002, les électeurs parisiens (16 %) étaient presque moitié moins représentés que leurs homologues des champs ; ils sont aujourd’hui plus nombreux (21 %) ! C’est sur eux, notamment, que compte Bertrand Delanoë pour assurer sa réélection aux municipales de 2008.
Car qui dit profil de gauche, dit valeurs de gauche et donc vote à gauche. Une étude du Cevipof (le centre de recherche politique de Sciences-Po) pour le ministère de l’Intérieur en témoigne : se rapprochant de plus en plus des électeurs socialistes, ceux du MoDem sont en totale rupture avec leurs devanciers de l’UDF, nettement plus conservateurs. Il existe désormais un fossé entre sympathisants de l’UMP et du MoDem. Les premiers sont 41 % à s’opposer à l’adoption pour les couples homosexuels, contre 21 % pour les seconds ; 72 % des proches de l’UMP estiment qu’« il y a trop d’immigrés en France », contre seulement 32 % des seconds, moins que chez les électeurs du PC ! Ceux de droite étant partis, ne restent que ceux de gauche, ou presque : alors que 40 % de l’électorat de droite se disaient proches de l’UDF en 2004, ils ne sont plus que 24 % aujourd’hui. Résultat : « Lors du second tour des législatives, les électeurs du MoDem se sont clairement reportés à gauche », rappelle Dabi. La corrélation est même quasi parfaite entre le score des candidats bayrouistes éliminés au premier tour et la progression des candidats de gauche qualifiés au second…
Autant de signes d’une « dérive “anarcho-verte” » irréversible du vieux parti centriste, comme le craint l’UMP Baguet, dénonçant un « MoDem obnubilé par une seule obsession : faire battre Sarkozy » ? Bayrou “traître” à la droite ? C’est aussi ce que pensent les électeurs UMP nettement plus nombreux, aujourd’hui, selon l’Ifop, à lui préférer… Strauss-Kahn ! Pas si simple, tempère le bayrouiste Lehideux : « L’UDF, dit-il, a toujours su faire coexister sensibilités de gauche et de droite. C’était vrai en 1978, lors de son lancement, en faisant cohabiter Lionel Stoléru et Alain Griotterray, comme plus tard, au parti républicain, où Claude Malhuret, ancien soixante-huitard, voisinait avec Alain Madelin, qui était de l’autre côté des barricades. » En réfutant, par avance, toute idée « d’alignement » à gauche comme à droite, au profit d’accords « au coup par coup », Bayrou ne dit pas autre chose.
Mais le président du MoDem parviendra-t-il à se faire entendre de ses nouveaux électeurs assurément plus à gauche que lui ? Ceux-ci lui resteront-ils fidèles en cas de “recentrage”, voire de “droitisation” de son discours ? « Il voudrait être le président des internautes, mais les internautes, ça zappe », commente Baguet. « C’est lui, la boussole de nos électeurs, c’est lui qu’ils suivent. En politique, la ligne, c’est l’homme », corrige Lehideux. Passé, en quelques semaines, d’un discours ultra-droitier durant sa campagne, à l’ouverture à gauche au sein de son gouvernement, ce n’est pas Sarkozy toujours soutenu par 95 % de ses électeurs de la présidentielle qui dira le contraire… »
« Soudain, François Bayrou a blêmi. C’était samedi soir, lors d’un débat consacré à la construction du Mouvement démocrate, dans le cadre de son forum de rentrée à Seignosse (Landes). Député d’Ille-et-Vilaine, Thierry Benoît plaide en faveur de la « tradition d’alliance de l’UDF vers la droite ». Assis à côté de lui, le président du MoDem ne tient plus en place. Puis il prend la parole pour le rabrouer sèchement : « Tu es obsédé par la droite alors que tu as été élu par la gauche, s’emporte-t-il.
Franchement, s’ils avaient su que tu étais tellement de droite, je ne suis pas sûr que tu aurais été élu. » Une colère et des propos ô combien révélateurs. Le refus de Bayrou d’appeler à voter pour Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle – rompant ainsi le “pacte” qui unissait l’UDF au RPR, puis à l’UMP, depuis trente ans – a fait littéralement exploser les lignes. La majeure partie des électeurs centristes traditionnels est retournée au bercail majoritaire, remplacée par un nouvel électorat, se situant clairement à gauche. Le principe des vases communicants appliqué en politique.
Âge, profession, répartition géographique : « la mutation a été aussi rapide qu’elle est profonde », constate Frédéric Dabi, directeur du département Opinion de l’Ifop. Jusqu’à l’électrochoc de l’entre-deux-tours de la dernière présidentielle, et malgré les coups de barre répétés de Bayrou à gauche (dont le point d’orgue fut le vote en 2006 de la motion de censure contre le gouvernement Villepin déposée par le PS), le profil, solidement ancré, des électeurs UDF n’avait guère varié depuis l’origine : plutôt âgés, plutôt aisés, souvent ruraux. « Les électeurs de centre-droit constituaient notre socle, affirme Pierre-Christophe Baguet, premier député UDF à avoir appelé à voter pour Sarkozy avant même le premier tour. En se coupant d’eux, Bayrou a tout fait voler en éclats. » À nouvelle “ligne”, nouveaux venus. « Il y a eu un coup de balancier à gauche, observe Frédéric Dabi. Les électeurs du MoDem se sont “socialisés” par rapport à ceux de l’UDF ».
« Glissement générationnel », d’abord : alors que les plus de 65 ans représentaient 29 % des sympathisants en 2004 (soit la part la plus importante des bataillons centristes), ils ne sont plus que 18 % aujourd’hui. Dans le même temps, la proportion des 18-24 ans a littéralement explosé : de 5 % en 2004, elle est passée à 15 %. Trois fois plus ! « Les jeunes ont été séduits par le côté courageux et un peu “anti-establishment” de Bayrou. Il n’est pas dans le moule, il va jusqu’au bout de sa logique : ça tranche avec les autres et ça leur plaît », assure, pour s’en féliciter, l’eurodéputé Bernard Lehideux, l’un de ses plus proches conseillers. De tous les grands partis, et après le PS, le MoDem est devenu le plus jeune. Or ce sont ces derniers qui votent le plus à gauche. Très majoritairement.
Autre révélation du sondage : l’évolution socioprofessionnelle des sympathisants centristes. Elle confirme leur basculement idéologique. Parmi ceux qui travaillent, ce sont désormais les professions intermédiaires – passées de 14 à 21 % – qui dominent. « Gros bataillons de celles-ci, les cadres moyens et enseignants ont toujours constitué le socle électoral du parti socialiste auquel celui du MoDem tend à ressembler », note Frédéric Dabi. Idem avec les employés, ancrés à gauche, dont la part a presque doublé – de 7 à 12 %. Inversement, le poids des agriculteurs – de droite – ne représente plus que… 1 % des électeurs centristes. Motif : « Ils ne se reconnaissent plus dans le nouveau discours du MoDem », décrypte le directeur du département Opinion de l’Ifop. « Surtout depuis que Bayrou s’affiche avec des anciens Verts, comme Bennamias ! », relève Baguet.
Troisième mutation, et non des moindres : celle de la domiciliation géographique. En 2002, 27 % des électeurs du MoDem vivaient dans de petites communes rurales. Une marque de fabrique centriste. Six ans plus tard, ils ne sont plus que 20 %. “Boboïsation” du parti oblige, ce qu’il a perdu à la campagne, l’ex-UDF l’a retrouvé à Paris. En 2002, les électeurs parisiens (16 %) étaient presque moitié moins représentés que leurs homologues des champs ; ils sont aujourd’hui plus nombreux (21 %) ! C’est sur eux, notamment, que compte Bertrand Delanoë pour assurer sa réélection aux municipales de 2008.
Car qui dit profil de gauche, dit valeurs de gauche et donc vote à gauche. Une étude du Cevipof (le centre de recherche politique de Sciences-Po) pour le ministère de l’Intérieur en témoigne : se rapprochant de plus en plus des électeurs socialistes, ceux du MoDem sont en totale rupture avec leurs devanciers de l’UDF, nettement plus conservateurs. Il existe désormais un fossé entre sympathisants de l’UMP et du MoDem. Les premiers sont 41 % à s’opposer à l’adoption pour les couples homosexuels, contre 21 % pour les seconds ; 72 % des proches de l’UMP estiment qu’« il y a trop d’immigrés en France », contre seulement 32 % des seconds, moins que chez les électeurs du PC ! Ceux de droite étant partis, ne restent que ceux de gauche, ou presque : alors que 40 % de l’électorat de droite se disaient proches de l’UDF en 2004, ils ne sont plus que 24 % aujourd’hui. Résultat : « Lors du second tour des législatives, les électeurs du MoDem se sont clairement reportés à gauche », rappelle Dabi. La corrélation est même quasi parfaite entre le score des candidats bayrouistes éliminés au premier tour et la progression des candidats de gauche qualifiés au second…
Autant de signes d’une « dérive “anarcho-verte” » irréversible du vieux parti centriste, comme le craint l’UMP Baguet, dénonçant un « MoDem obnubilé par une seule obsession : faire battre Sarkozy » ? Bayrou “traître” à la droite ? C’est aussi ce que pensent les électeurs UMP nettement plus nombreux, aujourd’hui, selon l’Ifop, à lui préférer… Strauss-Kahn ! Pas si simple, tempère le bayrouiste Lehideux : « L’UDF, dit-il, a toujours su faire coexister sensibilités de gauche et de droite. C’était vrai en 1978, lors de son lancement, en faisant cohabiter Lionel Stoléru et Alain Griotterray, comme plus tard, au parti républicain, où Claude Malhuret, ancien soixante-huitard, voisinait avec Alain Madelin, qui était de l’autre côté des barricades. » En réfutant, par avance, toute idée « d’alignement » à gauche comme à droite, au profit d’accords « au coup par coup », Bayrou ne dit pas autre chose.
Mais le président du MoDem parviendra-t-il à se faire entendre de ses nouveaux électeurs assurément plus à gauche que lui ? Ceux-ci lui resteront-ils fidèles en cas de “recentrage”, voire de “droitisation” de son discours ? « Il voudrait être le président des internautes, mais les internautes, ça zappe », commente Baguet. « C’est lui, la boussole de nos électeurs, c’est lui qu’ils suivent. En politique, la ligne, c’est l’homme », corrige Lehideux. Passé, en quelques semaines, d’un discours ultra-droitier durant sa campagne, à l’ouverture à gauche au sein de son gouvernement, ce n’est pas Sarkozy toujours soutenu par 95 % de ses électeurs de la présidentielle qui dira le contraire… »
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