Par Phil Hazlewood(AFP)
Gordon Brown a promis de « relever le défi du changement » alors qu'il succèdera à Tony Blair comme Premier ministre britannique le 27 juin, et a insisté sur sa volonté de redonner une « âme » au parti travailliste, après en être devenu officiellement le nouveau leader. M. Brown, ministre des Finances depuis dix ans, et qui était seul candidat pour succéder à Tony Blair à la tête du parti, a également promis de tirer les leçons des erreurs en Irak, insistant sur la nécessité d'une « réponse multilatérale forte » avec l'Europe et les Etats-Unis, face aux défis sécuritaires. En Irak, en Afghanistan et au Proche-Orient, « nous respecterons nos obligations internationales », a déclaré M. Brown, qui a exclu un retrait rapide des troupes britanniques d'Irak. Mais « nous tirerons les leçons qui doivent l'être », a-t-il ajouté, après avoir été intronisé nouveau chef du Labour en remplacement de M. Blair, lors d'une conférence extraordinaire du Labour à Manchester (nord-ouest). Cette conférence a également vu la secrétaire d'Etat à la justice Harriet Harman élue numéro 2 du parti, en remplacement de John Prescott, démissionnaire. « C'est avec humilité et fierté, et avec un grand sens du devoir que j'accepte le privilège et la grande responsabilité de diriger notre parti et changer notre pays », a déclaré Gordon Brown, 56 ans, après que Tony Blair, qui dirigeait le parti depuis 1994, l'eut officiellement présenté comme le « nouveau leader du parti travailliste ». « Cette semaine, je formerai un nouveau gouvernement avec de nouvelles priorités pour répondre aux défis de 2007 et au-delà », a ajouté M. Brown sous les applaudissements. « J'essayerai de justifier chaque jour et dans chacune de mes actions la confiance que vous avez placée en moi », a-t-il ajouté. Il a fixé comme priorités de son gouvernement l'éducation, le logement (au coût très élevé au Royaume-Uni) et la santé. Et ce fils de pasteur écossais, moins charismatique que Tony Blair, a insisté sur ses valeurs morales. « Le parti que je dirige doit avoir plus que des programmes, nous devons avoir une âme », a-t-il ajouté. En tant que chef du parti majoritaire à la Chambre des communes, Gordon Brown deviendra automatiquement Premier ministre, sans élections législatives, lorsque M. Blair présentera sa démission le 27 juin. M. Blair, 54 ans, Premier ministre depuis dix ans, a décidé de partir à la moitié de son troisième mandat. Pour M. Brown, c'est la fin d'une longue et patiente attente: il attendait depuis des années de succéder à Tony Blair avec lequel il a des relations difficiles, après avoir été avec lui l'artisan de le renaissance du Labour et du retour des travaillistes au pouvoir en 1997. Mais l'animosité entre les deux hommes n'était pas visible dimanche: Gordon Brown a remercié Tony Blair pour la façon dont il a dirigé le pays pendant dix ans et Tony Blair a salué en lui un futur « grand Premier ministre ». Les experts n'attendent pas de changement majeur de la politique britannique une fois que Gordon Brown sera au pouvoir. Il a lancé un appel à tous ceux qui veulent « changer les vieilles politiques » pour qu'ils rejoignent le Labour. Mais ses tentatives d'ouverture cette semaine en direction des libéraux-démocrates, le deuxième parti d'opposition, ont été sèchement refusées. L'imminence de l'arrivée au pouvoir de M. Brown lui a en tout cas permis une remontée dans les sondages où il était systématiquement devancé depuis des mois par le conservateur David Cameron, 40 ans, son adversaire probable pour les élections attendues en 2009. Le futur Premier ministre britannique n'a d'ailleurs pas perdu de temps pour nommer l'actuel secrétaire aux Transports, Douglas Alexander, responsable des élections pour le parti travailliste, ce qui a immédiatement déclenché des rumeurs sur une anticipation à l'année prochaine des élections législatives. « Mon travail maintenant est d'être prêt dès que le Premier ministre donnera le coup d'envoi », a souligné M. Alexander. 40% des Britanniques jugent que M. Brown est le « Premier ministre le plus compétent », contre 22% pour David Cameron, dans un sondage publié par The Observer. De la même façon, le Labour est repassé devant les Tories dans les intentions de vote, à 39% contre 36% pour les conservateurs.