Site politique sur le Centre et le Centrisme
mercredi 9 mai 2007
Actualités du Centre. La majorité des députés UDF publient une tribune libre pour expliquer leur ralliement à Nicolas Sarkozy
22 députés UDF appellent à voter pour Nicolas Sarkozy et affirment leur volonté « d'inscrire sans hésitation leur démarche dans la majorité présidentielle qui se dessine » autour du nouveau président, « tout en conservant leur autonomie au Parlement, et sans intégrer l’UMP ». Dans une tribune publiée par Le Figaro à la veille du conseil national de l'UDF qui doit voir la création du Mouvement démocrate, ces élus estiment qu' « il est du devoir d’une UDF libre de concourir à sa manière, avec ses méthodes et ses priorités, à l'oeuvre de redressement qui s’impose aujourd’hui ». Ils considèrent qu'"en désignant Nicolas Sarkozy comme l’adversaire principal, l’UDF - même transformée en Parti démocrate - court un risque d’isolement important". Les députés UDF, qui ont fait la campagne de François Bayrou avant de soutenir le candidat UMP au second tour, font valoir que l'UDF devra « passer un accord au soir du premier tour des élections législatives, si l’UDF veut encore se faire entendre à l’Assemblée nationale durant ces cinq prochaines années ». « Cet accord ne peut pas être passé avec l’UMP puisque François Bayrou déclarait que Nicolas Sarkozy était le candidat pour lequel il ne fallait pas voter », disent-ils. De son côté, le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges, qui a rallié M. Sarkozy entre les deux tours, a souligné que « François Bayrou sera terriblement seul » dans les prochains jours « sans ses parlementaires ». Selon lui, la situation a « quelque chose qui est dramatique et qui pouvait être équilibrée si on avait fait un meilleur réglage de tout cela ». Alors que l'UDF tiendra son conseil national jeudi pour mettre en place une nouvelle formation qui sera rebaptisée Mouvement démocrate- Jean-Louis Bourlanges vice-président de l'UDF ne « sait pas encore » s'il y participera. « Je trouve que les conditions de préparation de ce conseil national sont très peu satisfaisantes ». « C'est une grande messe », a-t-il poursuivi. « Je dirais une assemblée acclamative plutôt qu'une assemblée délibérative. Il faut que la délibération précède ». Jusqu'à présent, les parlementaires n'ont pas eu l'occasion de voir exactement"* où François Bayrou « en est » « ce qu'il veut », « ce qu'il ne fait pas ». « Je suis assez triste sur la gestion présente de François Bayrou », a-t-il ajouté avant de préciser « je suis extrêmement perplexe sur l'avenir de l'UDF ». « Je crois que l'on avait des parlementaires de grande qualité », a jugé le député européen. « Et d'autre part on avait François Bayrou cette Formule-1. Il fallait que ça marche ensemble. Et depuis quinze jours on les a vu se séparer ». « Or sans François Bayrou, les parlementaires n'auront pas (...) du tout la même force de propositions, d'orientations qu'ils auraient s'ils avaient François Bayrou », a conclu Jean-Louis Bourlanges.
Actualités du Centre. Pour l’historien Jean-François Sirinelli, l'électorat de l'UDF est spirituellement de centre droit
Interrogé par Nicole Gauthier dans Libération, l’historien de la Droite, Jean-François Sirinelli donne son sentiment sur le Centre.
- La défaite du centriste Jean Lecanuet en 1965 a marqué, selon vous, la fin du centrisme dans l'histoire de la Ve République. Que peut-il advenir des 18 % des suffrages réunis le 22 avril par François Bayrou, qui fut un disciple de Lecanuet et qui prétend incarner la relève de ce courant ?
« Effectivement, le bon score - 15,6 % - de Jean Lecanuet en 1965 avait été en même temps un chant du cygne. Le centrisme va se trouver concassé, puis disloqué par le jeu des institutions, notamment dans ses aspects électoraux. Cela se fait par étapes. En 1969, le candidat du centre d'opposition, Alain Poher, est présent au second tour, avec 23,3 % après avoir devancé le communiste Jacques Duclos (21,3 %). Mais la performance de Poher ne relance pas le centre et le processus de bipolarisation continue : en 1972, le PS et le PCF, rejoints ensuite par les radicaux de gauche, signent le programme commun de gouvernement, et en 1974, ce qui reste de centre droit, avec Joseph Fontanet et Jean Lecanuet, rejoint Valéry Giscard d'Estaing et intègre le «quadrille bipolaire».
Au regard de l'histoire, il faut donc être prudent pour interpréter les suffrages réunis par François Bayrou au premier tour. Pour l'historien que je suis, en effet, la création de l'UMP est à prendre très au sérieux : elle signifie, pour la première fois, la volonté de poser les bases d'un grand parti conservateur. Chaque fois que la droite française, au XXe siècle, perd, c'est notamment à cause de son manque d'unité. L'UMP, à cet égard, est aujourd'hui à son moment de vérité : la victoire la légitimera en prouvant son existence et son efficience, la défaite lui fera perdre son ciment. Par ailleurs, l'UDF se retrouve dans ce qui est le problème classique du centre, dont l'électorat est sociologiquement, spirituellement et idéologiquement plutôt de centre droit : celui-ci, parfois, se proclame de centre gauche, mais il est vite rattrapé par son ombre électorale. »
- La défaite du centriste Jean Lecanuet en 1965 a marqué, selon vous, la fin du centrisme dans l'histoire de la Ve République. Que peut-il advenir des 18 % des suffrages réunis le 22 avril par François Bayrou, qui fut un disciple de Lecanuet et qui prétend incarner la relève de ce courant ?
« Effectivement, le bon score - 15,6 % - de Jean Lecanuet en 1965 avait été en même temps un chant du cygne. Le centrisme va se trouver concassé, puis disloqué par le jeu des institutions, notamment dans ses aspects électoraux. Cela se fait par étapes. En 1969, le candidat du centre d'opposition, Alain Poher, est présent au second tour, avec 23,3 % après avoir devancé le communiste Jacques Duclos (21,3 %). Mais la performance de Poher ne relance pas le centre et le processus de bipolarisation continue : en 1972, le PS et le PCF, rejoints ensuite par les radicaux de gauche, signent le programme commun de gouvernement, et en 1974, ce qui reste de centre droit, avec Joseph Fontanet et Jean Lecanuet, rejoint Valéry Giscard d'Estaing et intègre le «quadrille bipolaire».
Au regard de l'histoire, il faut donc être prudent pour interpréter les suffrages réunis par François Bayrou au premier tour. Pour l'historien que je suis, en effet, la création de l'UMP est à prendre très au sérieux : elle signifie, pour la première fois, la volonté de poser les bases d'un grand parti conservateur. Chaque fois que la droite française, au XXe siècle, perd, c'est notamment à cause de son manque d'unité. L'UMP, à cet égard, est aujourd'hui à son moment de vérité : la victoire la légitimera en prouvant son existence et son efficience, la défaite lui fera perdre son ciment. Par ailleurs, l'UDF se retrouve dans ce qui est le problème classique du centre, dont l'électorat est sociologiquement, spirituellement et idéologiquement plutôt de centre droit : celui-ci, parfois, se proclame de centre gauche, mais il est vite rattrapé par son ombre électorale. »
Inscription à :
Articles (Atom)