François Bayrou n’a pas réussi à être au deuxième tour de
l’élection présidentielle même s’il est parvenu à réaliser un très bon score de
18,55 %. Ce résultat qui est à la fois une réussite et un échec va être
difficile à gérer notamment en vue des élections législatives et du
positionnement de l’UDF, voire d’un « Parti Démocrate » dans les mois
et les années à venir.
N’oublions pas que la
candidature de François Bayrou était un pari : être au second tour puis
vainqueur de l’élection présidentielle afin de chambouler le jeu politique
français. Les risques pris par le leader de l’UDF auraient alors trouvé une
résolution dans la victoire qui aurait transcendé les contradictions de sa
campagne et de ses positionnements parfois opportunistes. Ils deviennent un
danger dans la défaite. Quid ainsi du basculement à gauche ? Quid de la
division à l’intérieur de l’UDF ? Quid des alliances nécessaires pour les
législatives et, éventuellement, pour gouverner ? Quid du corpus
idéologique du parti centriste ? Et bien d’autres questions encore.
L’image donné du Centre par François Bayrou a été assez
simpliste, ce qui peut se comprendre dans une élection où il faut pratiquement
caricaturer ses positions pour être audible mais, pire, a été celle d’un
courant d’idées qui a surfé sans vergogne sur les multiples vagues de
mécontentement et qui faisait la chasse aux « puissants » et aux
« élites » dans une pure tradition poujadiste agrémenté d’un
« complot » pour l’empêcher d’être élu. François Bayrou dans sa
volonté affichée de « réconciliation » et d’ « union
nationale » n’a pas hésité à diviser en s’en prenant à une partie des
Français contre l’autre. Ce paradoxe, bien peu centriste, positionne l’UDF
« quelque part », un quelque part que beaucoup de politologues
auraient bien du mal à définir…
Cela ne veut pas dire que François Bayrou n’a pas repris un
certain nombre de thèmes traditionnels du Centre comme l’alliance entre liberté
et solidarité en matière économique ou l’instauration de la proportionnelle
pour les élections législatives. De même, il a pioché dans les idées de ses
glorieux devanciers comme celle d’un Parti Démocrate que voulait créer Jean
Lecanuet…. en 1965 !
La gestion des 6 750 869 voix qu’a obtenu François
Bayrou va être ardue. Le leader de l’UDF ne peut appeler à voter Nicolas
Sarkozy qu’il a tellement et durement attaqué sans apparaître comme un
opportuniste. Il ne peut appeler voter Ségolène Royal sauf à perdre une grande
partie des centristes. S’il reste isolé, ce qui semble être la posture qu’il va
adopter en ne donnant pas formellement de consignes de vote, comment fera-t-il
des alliances pour les législatives ? Et si, lors des législatives l’UDF
s’effondre, ce qui n’est pas à exclure, les 18,55 % de François Bayrou n’auront
servi à rien et le Centre, une nouvelle fois, devra se reconstruire.
En tout cas, la troisième position de François Bayrou pose plus de questions
qu’elle n’en résout.