Après François Bayrou qui souhaite que les
sociaux-démocrates le rejoignent et qui n’exclut pas de nommer un premier
ministre de gauche, voici que « l’idéologue » de l’UDF, Pierre
Albertini, évoque la social-démocratie comme nouveau port d’attache du parti
centriste. Sans parler de la volonté de créer chez la plupart des dirigeants de
l’UDF, après l’élection présidentielle, un « grand parti démocrate »
qui ressemble comme deux gouttes d’eau au parti démocrate américain positionné
au centre gauche..
Nous évoquions ici
récemment la « mue radicale » de François Bayrou et ces références à
la gauche, à la social-démocratie, à la « socio-économie » à Pierre
Mendès-France et autres Michel Rocard, doivent nous rappeler que le radicalisme
se positionne depuis le début du XX° siècle au centre gauche.
Loin de nous de dénier le droit à François Bayrou et à ses
proches d’évoluer vers le radicalisme et la social-démocratie. Néanmoins, nous
devons nous poser la question en tant que centre de recherche sur le Centre et
le Centrisme sur le lien entre le Centrisme et la social-démocratie.
Car le Centrisme se définit de tout temps comme un
libéralisme social qui prône une économie sociale. En clair, le Centrisme est,
au-delà de tout dogme, une pensée pragmatique qui sait que la liberté offre la
meilleure possibilité de croissance économique et de création de richesses et
qu’il n’y a que des richesses existantes et non virtuelles que l’on peut
redistribuer pour offrir une protection sociale visant avant tout à garantir
l’égalité des chances et à offrir aux plus démunis une solidarité sociale.
Mettre le social avant l’économie est une erreur
fondamentale car cela revient à appliquer une politique économique sur des
présupposés ou des « bons sentiments » et non sur la réalité. Se
servir des résultats de l’économie pour appliquer des mesures sociales, c’est
le bon chemin. Car on ne peut emprunter une route que si elle est d’abord
construite.
Libéralisme social, social-libéralisme,
« socio-économie », économie sociale, on le voit, l’ordre des
concepts a son importance. Lorsque le Centre penche trop à droite, il perd sa
volonté sociale qui est consubstantielle avec sa volonté libérale. Lorsqu’il
penche trop à gauche, c’est l’inverse. Le juste équilibre qu’il doit
constamment pratiquer n’est pas une mince affaire et beaucoup de centristes se
sont laissés embarqués d’un côté ou de l’autre et pas seulement par
opportunisme. Le Centrisme ne se veut pas une « pensée idéologique »
mais une pensée pragmatique. Ce n’est pas seulement par amour de la liberté
qu’il privilégie le primat de celle-ci mais parce que toute société privée de
liberté ne peut être démocratique et ne peut aspirer à une économie florissante
(même en Chine où la liberté d’entreprendre est le moteur de l’économie même si
les libertés civiles sont encore embryonnaires voire inexistantes). Il ne
s’agit pas de glorifier pour glorifier une liberté comme l’ont fait de nombreux
libéraux emportés par une vision individualiste forcenée de la société. Car le
Centrisme ne serait rien sans sa dimension sociale, sans cette reconnaissance
qu’une société équilibrée doit être solidaire et aider ceux qui doivent l’être
pour le bien de tous les citoyens sans exception.
François Bayrou qui aime à dire que la devise de la France
est un bon programme politique qu’il fait sien ne doit pas oublier que celle-ci
est « Liberté, égalité, fraternité », dans cet ordre…