Deux sondages publiés LH2 et IPSOS font état d'un léger tassement des intentions de vote pour Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle, d'une remontée de Ségolène Royal, et d'une nouvelle progression de François Bayrou.
Au premier tour, avec 31% selon IPSOS ou 30% selon LH2, le ministre de l'Intérieur distancerait toujours de 3 à 5 points la députée PS, qui gagne 2 points à 27% dans l'enquête LH2 et 3 points dans l'enquête IPSOS à 26%.
Au second tour, M. Sarkozy serait rejoint par Mme Royal, 50-50, pour la première fois depuis début janvier, selon LH2, mais gagnerait toujours "assez nettement" le 6 mai, par 53% à 47%, selon IPSOS.
François Bayrou jouerait un rôle-clé dans l'élection. Il est crédité de 17,5% par IPSOS, son plus haut niveau dans un sondage jusque là, et de 17% par LH2. Jean-Marie Le Pen, stable à 13% dans les deux enquêtes, ne serait que le quatrième homme. Le total des voix de gauche dans les intentions de vote reste historiquement faible à 37,5% selon IPSOS ou même 35,5% selon LH2, l'extrême-gauche se situant à 9,5% ou 10,5% et ne proposant qu'un faible réservoir pour Mme Royal au second tour.
Ce bas niveau, qui serait le plus faible depuis 1969, n'empêcherait pas Mme Royal d'être en mesure de faire jeu égal avec M. Sarkozy le 6 mai, selon LH2, grâce aux reports de voix. La députée PS bénéficierait au second tour du report de 62% des voix obtenues par le leader centriste au premier tour, selon LH2. La candidate PS arriverait d'autre part à mieux mobiliser les sympathisants de gauche en sa faveur, 87% affirmant avoir l'intention de voter pour elle le 6 mai, contre 79% la semaine précédente, toujours selon LH2.
Jean-François Dorido, directeur adjoint d'IPSOS, souligne que la hausse de Mme Royal se fait au détriment de l'extrême-gauche. La députée PS aurait réussi à davantage mobiliser son camp et à se remettre à niveau : « Elle a enrayé la chute qu'on mesurait depuis début janvier mais je me garderais bien de parler d'inversion de tendance », a-t-il déclaré à l'AFP. Selon lui, Mme Royal a pu bénéficier de sa prestation jugée réussie sur TF1, d'une campagne « perçue comme davantage orientée à gauche » et du réflexe de « vote utile » dû pour partie à la montée de M. Bayrou. Si elle gagne sur sa gauche, Mme Royal « n'a pas pour l'instant reconquis les électeurs partis chez M. Bayrou », poursuit M. Dorido. Le leader centriste parviendrait lui à mieux mobiliser les sympathisants UDF et à « un tout petit peu mordre à l'UMP », entraînant la baisse de M. Sarkozy par « un effet de vases communicants ». Pour François Miquet-Marty de LH2, « Mme Royal a vraiment repris la main », profitant notamment de son émission lundi 19 février sur TF1 et de l'intégration de Lionel Jospin et des éléphants du PS dans son équipe présidentielle. En outre, il relève que les reports de voix de François Bayrou sur Mme Royal au second tour « nettement meilleurs » (taux de plus de 50%). Le leader de l’UDF « est bien perçu sur la critique du clivage droite-gauche, séduit par son discours sur la dette et progresse aussi sur les difficultés de Nicolas Sarkozy », ajoute-t-il. M. Bayrou « n'effraie pas du tout », dans une campagne très suivie, « surdéterminée » par le souvenir de 2002, ce qui explique que « les petits candidats de gauche ont du mal ».