L’année 2007 qui se termine aura été extrêmement féconde
pour le Centre et le Centrisme tant en France qu’à l’étranger. Bien sûr,
l’élection présidentielle française n’a pas porté un centriste à la tête de
l’Etat mais le candidat qui se présentait sous cette étiquette, François
Bayrou, a obtenu un très bon score (18,57%) si on le compare à la fois au
scores électoraux de l’UDF – son parti d’alors – qui tournaient autour de 10%
et du nombre de Français qui se reconnaissent comme centristes, environ 15%.
Néanmoins, ce succès d’estime a été vite source de bouleversements dans la
famille centriste. Déjà, avant le premier tour de la présidentielle, plusieurs
figures centristes historiques comme Simone Veil ou André Santini avaient
appelé à voter pour le candidat de la Droite, Nicolas Sarkozy, rappelant que le
Centre n’existait que par des alliances avec la Droite dans le système
électoral majoritaire. Après le premier tour, les clins d’œil de François
Bayrou aux militants socialistes (qui avaient déjà eu lieu pendant la campagne
du premier tour), sa rencontre avec Ségolène Royal et son appel à faire battre
Nicolas Sarkozy provoquèrent de nouveaux départs de l’UDF dont la
quasi-totalité des députés. Ceux-ci rallièrent Nicolas Sarkozy et leur chef de
fil, Hervé Morin, obtint en récompense le Ministère de la Défense.
De plus, ces départs se concrétisèrent par la création de
deux nouveaux partis. Les partis fondèrent le Nouveau Centre et les restants le
Mouvement démocrate. Au milieu, quelques uns se disent toujours UDF, comme Jean
Arthuis, en espérant que la famille du Centre se réunira de nouveau bientôt.
Car cette recomposition a eu un effet négatif sur le Centre. Alors que François
Bayrou voulait confisquer à son seul profit son score de la présidentielle,
alors que les partants du Nouveau Centre voulaient avoir leur part du gâteau,
les élections législatives montrèrent le fiasco centriste même si le Nouveau
Centre eu plus de vingt députés grâce aux accords signés avec l’UMP. Quant au
Mouvement démocrate, toutes les élections générales et partielles depuis ont
montré qu’il ne dépassait pas les 10%, voire les 5%... Les élections
municipales de 2008 seront un bon baromètre pour savoir qui vaut quoi.
Le renouveau centriste constaté à l’occasion de l’élection
présidentielle a donné des ailes à d’autres et plus particulièrement aux
radicaux qui se rappelèrent alors qu’ils étaient au centre à défaut d’être du
Centre. Les Radicaux de gauche avec Jean-Michel Baylet et les Radicaux
valoisiens avec Jean-Louis Borloo ont essayé de surfer sur la vague centriste,
ce dernier affirmant voulant faire du Parti radical le premier parti de France.
De plus, des responsables des deux mouvances du radicalisme se sont rencontrés
pour évoquer une possible réunification, un jour… Tout cela rappelle tout de
même le bel opportunisme du radicalisme que pratiqua avec maestria Edgar Faure
voire Jean-Jacques Servan-Schreiber. Ah ! Nostalgie quand tu nous guettes…
De même, les sociaux-démocrates du Parti socialiste purent
enfin revendiquer au grand jour leur filiation avec le Blairisme et la
Troisième voie. Jean-Marie Bockel, rallié à Nicolas Sarkozy, a fondé un nouveau
parti de centre-gauche, la Gauche moderne, tout comme un autre rallié, Eric
Besson.
A l’international, le Centre et le Centrisme ont connu une
belle année avec des victoires électorales et des créations de partis. Ainsi,
en Espagne, un nouveau parti centriste a vu le jour afin de concurrencer les
deux grands partis socialiste et conservateur. Ainsi en Roumanie et en
Bulgarie, les centristes ont remporté les élections européennes préludent à
leur arrivée au pouvoir, au Maroc, en Irlande et en Finlande, les centristes
ont remporté les élections et gouvernent et en Slovénie, les centristes gouvernent
avec le centre-droit au gouvernement et, depuis cette année, le centre-gauche à
la présidence ! Ainsi en Suisse et en Belgique, ils sont des pièces
maîtresses de coalitions. Au Japon, le parti centriste a fait une entrée
fracassante sur la scène nationale avec sa victoire lors des élections
sénatoriales qui furent le prélude au départ du Premier ministre conservateur
et nationaliste, Shinzo Abe. Même en Allemagne, Angela Merkel s’est souvenue
qu’un parti démocrate chrétien avait vocation à être au centre. Quant à
l’Italie, la coalition de centre-gauche résiste encore avec une voix de
majorité mais s’est payé le luxe de créer un nouveau parti, le Parti démocrate
avec Walter Veltroni, ancien maire de Rome, à sa tête.
Cependant, c’est aux Etats-Unis que le centrisme est en
effervescence avec les deux candidats les plus populaires et les plus
charismatiques pour la présidentielle de 2008 : les démocrates Hillary
Clinton et Barack Obama. On aurait pu y adjoindre un temps le Républicain et
ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, mais celui-ci a décidé de muscler
son discours pour plaire à l’électorat conservateur et nationaliste du Parti
républicain. Hillary Clinton demeure pour l’instant la favorite pour la
présidentielle et elle a rappelé son attachement au Centre. Barack Obama, dont
les valeurs et les propositions sont bien au centre tant il se bat pour des
compromis et des alliances larges sur les grandes questions politiques,
sociales et sociétales, a du muscler son discours pour exister face à Hillary
Clinton et en le gauchisant dans le même temps. Reste que s’il est désigné
comme candidat du Parti démocrate, il sera, comme Clinton, un partisan du
Centre et de la fameuse Third Way (Troisième voie) inventée par Bill Clinton
puis reprise par Tony Blair.
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