Selon des politologues interrogés par l’AFP, avec le Mouvement démocrate, François Bayrou se lance dans un pari difficile. « François Bayrou a un projet essentiellement construit sur la dénonciation des insuffisances de la droite sarkozyste et de la gauche, mais il lui manque un projet » politique spécifique, estime François Miquet-Marty (LH2). En outre, avec le départ des personnalités qui composaient l'UDF, « le MoDem apparaît surtout comme le parti d'un homme. Ca donne une image de fragilité », ajoute-t-il. Cependant, « il a un espace dans l'opinion », estime cet analyste. Selon un sondage LH2/Libération, « 13% des Français se déclarent proches du MoDem, beaucoup plus que le ratio que recueillait l'UDF après 2002 ». « De plus en plus de Français ont du mal à s'identifier de façon exclusive à la gauche ou la droite, et d'autres sont indifférents au jeu politique », souligne M. Miquet-Marty. « Il faut maintenant qu'il parvienne à fédérer avec un projet des gens venant d'horizons très différents, ce qui est très compliqué ».
Emmanuel Rivière (TNS Sofres) souligne que, selon le dernier baromètre de cet institut, 48% des Français souhaitent voir M. Bayrou jouer un rôle important. « Au moins un pari a été réussi, c'est la substitution MoDem/UDF », estime-t-il en soulignant que le Modem recueille 38% de bonnes opinions, « quasiment autant que le PS et l'UMP », tandis que l'UDF n'est qu'à 32. « La difficulté est de trouver le moyen de capitaliser ce socle ». « Les municipales vont être un élément important, car il y a un moment aussi où il faut réussir à rassembler des militants dans des dynamiques de succès ». « François Bayrou peut être un recours » pour des sympathisants de droite un peu déçus par Nicolas Sarkozy, et de gauche souhaitant une politique sociale-démocrate, estime M. Rivière. D'autant que « Dominique Strauss-Kahn est occupé à d'autres fonctions » avec la direction du FMI, et que « Ségolène Royal a vu son crédit reculer ». « Un problème pour François Bayrou est que 2012 est loin », souligne-t-il. « Si sa stratégie est présidentielle, il lui faut tenir » jusque-là. « Les européennes de 2009 peuvent être pour lui une occasion de démontrer le poids politique du Modem, sur un créneau qui correspond au positionnement politique du parti », estime-t-il.
Dominique Reynié, de l'IEP Paris, qui croit à la persistance du clivage droite-gauche, considère également que « son atout c'est l'opinion. Il est plutôt populaire, considéré comme courageux, honnête, déterminé ». « Ce n'est pas suffisant », ajoute-t-il. « Il faut une machine pour être élu, avec une organisation efficace, des militants, des élus, des relais partout, un programme, des personnalités autour de lui ». « Il n'est pas évident qu'il puisse monter tout cela en trois ans », s'il veut être prêt pour 2012.
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