Dans une interview au quotidien La Croix, le président du Nouveau Centre, Hervé Morin parle du Centre. Extraits.
Le Mouvement démocrate est-il selon vous le successeur de l’UDF ?
Non, car l’UDF a toujours été une formation de centre et de centre droit. Elle n’a jamais participé à des majorités avec le PS. Or il y a aujourd’hui une vraie connivence entre le PS et le MoDem, au moins dans l’opposition au gouvernement et au président de la République. L’objectif du Nouveau Centre, c’est justement de relever le flambeau de l’UDF laissé sur le bord du chemin. J’ai en tête ce que représentait l’UDF dans les années 1990 avec de grandes figure politiques, Simone Veil, Valéry Giscard d’Estaing, François Léotard, Jean Lecanuet. Il y a un jour où François Bayrou devra peut-être s’interroger sur la gouvernance, le mode de gestion du parti, et cesser de penser que la terre entière est peuplée de traîtres, de pleutres, d’hommes et de femmes n’ayant aucune conviction. L’UDF, était depuis sa création en 1978 la première force politique en nombre d’élus locaux et de direction de collectivités locales dans notre pays. J’aimerais que François Bayrou nous explique comment l’UDF se trouve aujourd’hui, à l’exception d’un dernier noyau au Sénat et au Parlement européen, vidée de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un responsable politique.
Comment définissez-vous le centre ?
C’est une famille politique libérale c’est à dire pour laquelle l’économie de marché est le meilleur moyen de produire de la richesse pour ensuite mieux la partager, européenne car l’idéal fédéral européen est la seule ambition sociétale à portée humaine du XXIe siècle, humaniste car considérant que l’homme doit être au cœur du projet de société, et démocrate. C’est-à-dire qui pense que la séparation, l’équilibre et le contrôle des pouvoirs constituent des garanties pour les citoyens.
Quelle est la différence entre le Nouveau Centre et le MoDem ?
Le MoDem est une formation politique créée pour l’ambition d’un homme qui, au soir même de la présidentielle de 2007, se projetait déjà dans la présidentielle de 2012. Son président a clairement décidé de se poser en recours à Nicolas Sarkozy en étant encore plus dans l’opposition à la majorité que le PS.
Quelle est la marge de manœuvre du Nouveau Centre ?
C’est d’apporter de la critique constructive, de faire des propositions dans un esprit loyal. J’ai toujours entendu le président de la République dire que la majorité ne devait pas reposer sur une seule formation politique. Il n’a jamais cru au monopartisme à droite. Pour nous la question du moment c’est de constituer un parti assez fort par un maillage territorial fort d’élus locaux et par une base militante dans un parti démocratique dans son fonctionnement. Quoi qu’il arrive, le Nouveau Centre est une force de proposition, et non comme le Modem dans l’opposition automatique.
Pour peser face à l’UMP, les petites composantes de la majorité – Nouveau Centre, Parti radical de Jean-Louis Borloo, La Gauche moderne de Jean-Marie Bockel – ne devraient-elles pas se retrouver dans une confédération ?
Il y a un temps pour tout. Il y a d’abord le temps de la construction. Nous sommes en train de bâtir une véritable formation politique, avec, en six mois, 7000 adhérents, un groupe parlementaire, un maillage territorial de plus en plus dense et des élus locaux. Notre congrès fondateur se tiendra en avril 2008. Ensuite viendra, je l’espère en effet, le temps de la reconstruction du centre-centre droit. Mais ce temps n’arrivera que si nous sommes assez forts : l’heure de vérité pour le Nouveau Centre, ce seront les élections municipales.
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