Alliance, accord électoral ou totale ignorance du MoDem, la question a été samedi au centre d'un débat animé à l'université d'été du PS sous la houlette de Pierre Moscovici qui, un peu seul, s'est dit favorable à un « dialogue » du PS avec le parti de François Bayrou. « C'est la première fois qu'à une université d'été, on discute des rapports avec le centre, la chose aurait été impensable il y a dix ans », relève le député du Doubs, devant une centaine de militants réunis dans un atelier sur le thème « Y a-t-il un centre ? ». La raison de cet intérêt est évidemment le score de François Bayrou (18,5%) au premier tour de la présidentielle et son positionnement comme candidat "protestataire", alors que « la gauche n'a jamais été aussi faible et éclatée », souligne-t-il. Alain Richard, ancien ministre de la Défense, a fait les calculs: « la gauche a perdu 6,7 points entre 2002 et 2007, 2,5 millions d'électeurs de gauche ont voté Bayrou » au premier tour, « tandis que 40% d'électeurs Bayrou ont voté Royal au deuxième tour et 20% se sont abstenus ». Pour Alain Richard, l'avenir du MoDem, « formation nouvelle, non stabilisée, qui va tâtonnant »,- reste incertain et son étiage électoral reste autour de 8%. Pour Kader Arif, patron des fédérations du parti, « le MoDem n'existe pas, il n'a pas d'appareil constitué. Je n'ai pas d'angoisse », affirme-t-il. Toutefois, prévient M. Richard, aux municipales de mars, « aucun candidat socialiste ne sera indifférent à la discussion avec le MoDem » pour le second tour, à partir du moment où la liste centriste aura fait plus de 5%. Le premier secrétaire François Hollande a fixé « une règle simple »: « que ceux qui acceptent le rassemblement de la gauche, le projet municipal, l'opposition à Sarkozy viennent nous rejoindre au second tour ». Mais Pierre Moscovici va au-delà: il propose de « bâtir un processus de dialogue structuré, sans tabou ni illusion », avec le centre, mené « avec prudence » mais portant sur le fond. Il s'agit d'ouvrir les « assises progressistes que le PS appelle de ses voeux à la gauche, mais aussi à « ceux des centristes qui le souhaitent ».
Chez les militants, c'est surtout le réflexe identitaire qui l'emporte: « il faut faire attention de ne pas vendre notre âme », prévient l'un d'eux. « Le glissement du PS vers le centre me gêne », il faut « affirmer nos valeurs », renchérit Yannick, de la Fédération de la Gironde. « Il faut insister sur le clivage gauche-droite et faire en sorte que le centre n'existe pas ! », propose un militant du Nord. Cécile, de Paris, se dit favorable aux accords locaux avec le MoDem, « mais très réservée » sur le plan national, estimant que François Bayrou veut réduire le PS « à la portion congrue ». Son camarade de Seine-Maritime propose un raccourci: « récupérer l'électorat du centre, sans chercher une alliance électorale ». Le député des Hautes-Pyrénées Pierre Forgues rappelle un principe qui fait consensus: « parler avec Bayrou est une illusion, il faut d'abord bâtir un projet clair et crédible ». François Hollande avait mis en garde auparavant : « le débat sur le centre, c'est un débat où nous nous perdrons sans trouver le centre ».
Jean-Christophe Cambadélis, père du concept de la « gauche plurielle », s'est pour sa part dit ouvert à un « compromis pratique contre Sarkozy » avec le MoDem aux municipales de mars. « Ce que nous avons fait dans les luttes contre la droite avec Besancenot (Olivier, porte-parole de la LCR, NDLR), nous pouvons le faire avec le MoDem dans les élections », a suggéré ce proche de Dominique Strauss-Kahn. « J'imagine mal que nous allions à l'élection municipale avec comme mot d'ordre la 'fermeture' alors que la droite claironne 'ouverture' ». Jean-Christophe Cambadélis a en revanche mis en garde contre des « accords à la carte en fonction des intérêts locaux » et prévenu qu'il faudrait vérifier préalablement comment le MoDem se positionne « vis-à-vis du pouvoir en place ». « Nous cherchons l'élargissement de l'opposition au pouvoir et pas la multiplication des confusions », a-t-il averti. Le 22 août dernier, François Rebsamen, N°2 du PS et proche de Ségolène Royal, s'était également dit « favorable » à des « alliances électorales locales » avec le MoDem aux municipales, sur la "base de propositions communes" et assorties « d'un désistement au second tour pour celui qui arrive en tête ».
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