On pourrait croire à une victoire. Avec les presque 19 % des
voix au premier tour de la présidentielle de son candidat, le Centre semblait
soudainement ressuscité après la léthargie de 2002 (mauvais score du même
candidat) mais dans le droit fil de la renaissance des régionales et des
européennes où l’UDF avait dépassé largement la barre de 10 %. Et puis,
patatras. Les élections législatives ont été un grave échec pour le Centre
au-delà même des résultats des formations politiques qui prétendent l’incarner.
Cependant, une analyse affinée des élections présidentielles, malgré le bon
score de François Bayrou, révèle déjà l’échec qui éclatera après les
législatives. Car, au-delà de la divine surprise des 18,57 % du leader de
l’UDF, le Centrisme se retrouve plus faible après qu’avant ce long épisode
électoral puisqu’il a du, pour « faire du chiffre », se positionner
sur la gauche (et non pas le centre gauche), faire du populisme et attaquer de
façon outrancière un candidat, celui de la droite, le tout sans aucun programme
structuré, trois actions qui sont contraires aux traditions du Centre qui est
respect, équilibre et consensus. Le Centrisme se retrouve également divisé et
ses électeurs dans un flou qui n’augure rien de bon. Ainsi, la plupart d’entre
eux ont voté pour la gauche au second tour des législatives au nom du
« pluralisme ».
Pourquoi en est-on arrivé là ? L’analyse de François
Bayrou était simple. Pour espérer exister dans un système qui devient de plus
en plus bipartisan, le Centre doit être visible et cette visibilité passe par
l’autonomie. Une autonomie qui lui permet également de se présenter aux
présidentielles comme un candidat « libre » et, surtout, comme un
candidat qui veut être élu et non un « supplétif » de la droite d’où
sa volonté de ne jamais répondre à la question du désistement. Pour parvenir à
faire exister le Centre mais, avant tout, à jouer sa carte personnelle, la
stratégie de François Bayrou était de provoquer un big bang en gagnant
l’élection présidentielle pour espérer faire imploser les lignes politiques et
être en mesure de gagner les élections législatives. Le risque était également
énorme : en cas d’échec c’était l’avenir politique de François Bayrou qui
était en jeu mais, plus important, l’avenir du Centre tout court. Une stratégie
donc logique mais pas réaliste dès le départ car aucun signe ne montrait qu’il
pouvait être là au second tour et, a fortiori, gagner les élections. Il aurait
fallu une situation politique particulièrement explosive qui ne s’est pas
produite et que François Bayrou, en jetant de l’huile sur le feu en attaquant
durement Nicolas Sarkozy, a tenté de manière irresponsable de provoquer.
Heureusement, ce scénario, pour le bien du pays, ne s’est pas produit.
Néanmoins, il convient de se demander si la stratégie de l’autonomie et de la
surexposition médiatique n’était pas la seule qui évite au Centre de se faire
totalement laminer. Si, et nous croyons que c’était sans doute le cas (sauf
dans ses modalités populistes retenues et son positionnement à gauche), la grave
erreur a été que cette stratégie n’a pas été pas mise en œuvre intelligemment
conduisant inévitablement à l’échec, honorable d’abord aux présidentielles puis
cuisant ensuite aux législatives et peut-être total après dans les mois qui
viennent. De même, aucune sortie par le haut n’était prévue en cas de défaite.
A force d’affirmer qu’il serait élu Président de la république, François Bayrou
a fini par y croire dur comme fer et a refusé, même pour lui-même, d’envisager
une solution politique d’après défaite. Ce que le Centre risque de payer cher.
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