François Bayrou voulait une union nationale, réunir
les Français. Résultat des courses, il n’a réussi qu’à diviser le Centre !
Et celui-ci n’avait pas besoin de cela. Il y avait des radicaux de droite et
des radicaux de gauche, il y a maintenant des UDF de droite et des UDF de
gauche, un « Nouveau Centre » et un « Mouvement
Démocrate ». Cette nouvelle scission du Centre alors que celui-ci avait
réussi à affirmer son autonomie lors du congrès de l’UDF en 2005 à la Mutualité
est due en grande partie à la stratégie présidentielle de François Bayrou et
dans le destin national qu’il rêve d’avoir.
Cette stratégie personnelle vient de loin comme l’a déclaré récemment Marielle
de Sarnez, bras droit du président de l’UDF. On peut la scinder en trois phases
successvies. Une première, le détachement du Centre de la Droite. Une deuxième,
l’autonomie du Centre de tout autre courant. Une troisième, faire occuper à
l’UDF l’espace du centre-gauche laissé vaquant par un Parti socialiste
incapable de se réformer. Cette troisième phase a débuté avec la création du
Mouvement démocrate qui se veut le parti frère du Parti démocrate italien qui
occupe justement cet espace de centre-gauche avec Romano Prodi à sa tête.Dès lors, force est de constater objectivement que la division vient de François Bayrou et non des « dissidents » de l’UDF. Elle est la résultante logique de la volonté du leader de l’UDF de changer de positionnement politique, sans doute le fruit d’une évolution personnelle et d’une analyse politique sur la recomposition possible du paysage politique français. Quant à la majorité des députés UDF, élus de centre-droit, ils ne pouvaient vis-à-vis de leurs électeurs et de leurs convictions se présenter avec l’étiquette d’un parti de centre-gauche. Bien entendu, pour la lisibilité politique, il aurait mieux valu qu’ils quittent l’UDF avant l’élection présidentielle ou, en tout cas, qu’ils se démarquent des propos de François Bayrou au moment où celui-ci a clairement montré sa stratégie d’occuper la place d’opposant à Nicolas Sarkozy en se positionnant à gauche. Il est sûr que l’ivresse de bons sondages et la pensée que les paroles de leur leader n’étaient que stratégie pour « ratisser large » ont freiné les ardeurs de départ que quelques uns à l’inverse d’un André Santini ou d’un Christian Blanc qui plièrent bagage avant le premier tour de la présidentielle.
Aujourd’hui, le Centre est donc morcelé et aura donc plus de mal à peser sur la vie politique. Le positionnement d’un parti fort au centre de la vie politique française est en train de disparaître alors que les chances semblaient fortes pour voir l’UDF être la nouvelle troisième formation politique indépendante et réellement centriste. Les prochaines élections législatives vont être un révélateur même si la dynamique présidentielle va certainement laminer des courants comme celui du Centre. C’est dans les mois qui viennent qu’il faudra voir si la stratégie de François Bayrou va prendre son envol ou si elle va se dégonfler, n’ayant été qu’une mode électorale comme bien d’autres avant elle. En outre, il sera intéressant de voir si François Bayrou gauchisera encore plus son discours et s’il quittera définitivement l’espace centriste. Dès lors, tout sera à reconstruire. Une nouvelle fois pour le Centre.
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