Les électeurs du Mouvement démocrate (MoDem), ont largement contribué à faire élire des élus socialistes au second tour des élections législatives, affirment plusieurs analystes. François Miquet-Marty, de l'institut LH2, voit dans ce phénomène « surtout constaté dans les grandes villes comme Paris, Lyon et Toulouse » l'un des grands enseignements du scrutin. « Après le premier tour, une majorité de Français estimait que Nicolas Sarkozy concentrait trop de pouvoirs », a-t-il déclaré à Reuters. « Nombre d'électeurs du MoDem se sont portés vers la gauche, pas forcément parce qu'ils adhèrent à ses idées mais au nom d'une logique de rééquilibrage des pouvoirs », a-t-il observé. Même constat pour le directeur du Cevipof (centre d’étude de la vie politique française) Pascal Perrineau, pour qui les appels au pluralisme lancés par certains ténors du MoDem ont été entendus comme des invitations à voter à gauche. « Cela a été décisif pour expliquer des défaites comme celles d'Alain Juppé en Gironde ou de Renaud Donnedieu de Vabres en Indre-et-Loire », a-t-il noté sur France Info.
Selon un sondage CSA, 55% des électeurs du MoDem se sont reportés sur un candidat de gauche au second tour, 28% ont préféré un prétendant de droite, et les autres se sont abstenus. Crédité de 7,6% des voix au premier tour, le MoDem n'a réussi à se maintenir que dans une poignée de circonscriptions pour finalement obtenir quatre députés. François Bayrou, ancien candidat de l'UDF à la présidentielle, où il a obtenu 18,6% des suffrages au premier tour, et fondateur du MoDem, a été réélu dans les Pyrénées Atlantiques, de même que son ami Jean Lassalle. Thierry Benoit a créé la surprise en battant l'UMP Marie-Thérèse Boisseau en Ille-et-Vilaine. Enfin, Abdoulatifou Aly, qui avait demandé à rejoindre le MoDem entre les deux tours, l'a emporté à Mayotte. Issu du MoDem mais séduit par les propositions de collaboration émanant de la majorité, Jean-Christophe Lagarde, réélu en Seine-Saint-Denis, ne siègera pas dans le camp Mouvement démocrate au Palais-Bourbon.
De son côté, le Nouveau Centre créé par les élus UDF sortants ralliés à Nicolas Sarkozy aura 22 députés dans la nouvelle Assemblée. Tous ses adeptes ont été réélus, à deux exceptions près : Bernard Bosson, battu en Haute-Savoie par un candidat divers droite, et Rodolphe Thomas, éliminé par une socialiste dans le Calvados. « Pour moi, le centre, c'est le Nouveau Centre », déclarait lundi matin lors d'un point de presse le secrétaire général délégué de l'UMP, Patrick Devedjian. « Aujourd'hui, le MoDem ce n'est pas un groupe politique et son succès est tout de même très relatif... » A défaut de députés, le Mouvement démocrate veut compter sur sa base militante - il revendique près de 80.000 adhésions depuis sa création, le 10 mai.
Pour François Miquet-Marty, l'avenir du courant centriste passera par un mariage arrangé avec le Parti socialiste. « Les militants PS sont davantage favorables à un rapprochement avec le MoDem qu'avec le PC par exemple », fait-il remarquer. « Ce qui reste de l'électorat du MoDem est porteur de thèmes qu'il partage assez souvent avec l'électorat de la gauche traditionnelle », comme cela a été le cas pour la TVA sociale, note pour sa part Pascal Perrineau. « A terme, les alliances sont inévitables », prédit François Miquet-Marty même si, ajoute-t-il, « compte tenu des divisions internes au PS, certains vont voir cela d'un mauvais œil ». Côté MoDem, le choix qui se présente à François Bayrou « est à la fois simple et cornélien : soit il maintient une ligne ni gauche ni droite, très étroite, soit il tend la main ponctuellement à la gauche, comme il l'avait fait en débattant avec Ségolène Royal entre les deux tours de la présidentielle », résume le politologue de LH2.
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