Par Pascale Julliard (AFP)
François Bayrou est parvenu sans surprise à conserver son siège dimanche, mais il ne devrait être entouré à l'Assemblée que de trois autres députés du Mouvement démocrate et privé de groupe parlementaire, alors que le Nouveau centre a tiré son épingle du jeu grâce à l'UMP. Le « MoDem est le perdant de ce soir », a commenté Corinne Lepage, dont le parti écologiste Cap21 est cofondateur du Mouvement démocrate, regrettant une « représentation si modeste ».
François Bayrou a été réélu haut la main dans les Pyrénées Atlantiques avec un score de 61,21% devant la candidate socialiste Marie-Pierre Cabanne (38,79%). L'UMP avait décidé de retirer son candidat, Jean-Pierre Mariné, arrivé en deuxième position largement derrière M. Bayrou au premier tour, et dont le maintien aurait provoqué une triangulaire. Jean Lassalle, un proche du fondateur du MoDem qui paraissait menacé par son adversaire UMP, a également gardé son siège dans la seule triangulaire du scrutin, avec 40,37% des voix. Un jeune espoir du MoDem, Thierry Benoit, a pour sa part créé la surprise en arrachant le siège de la circonscription rurale de Fougères (Ille-et-Vilaine) à l'UMP Marie-Thérèse Boisseau, ancienne secrétaire d'Etat de Jean-Pierre Raffarin. A Mayotte, Abdoulatifou Aly, qui a rejoint le MoDem entre les deux tours, a également été élu, portant à quatre le nombre de députés MoDem. Jean-Christophe Lagarde a sans surprise été réélu en Seine-Saint-Denis. Mais le député-maire de Drancy, qui s'est montré très critique de M. Bayrou dans les semaines écoulées et s'est dit prêt à travailler avec la majorité présidentielle, n'a pas dit s'il siègerait avec le MoDem, bien qu'ayant reçu son investiture.
Malgré son score de 18,57% à la présidentielle, M. Bayrou va donc se retrouver sans groupe parlementaire, synonyme de temps de parole, moyens matériels et représentation dans les commissions de l'Assemblée. Depuis Morlaas (Pyrénées-Atlantiques), le leader centriste s'est engagé à ce que les députés du MoDem représentent néanmoins « pluralisme et diversité », et défendent les Français avec « liberté d'esprit et de ton ». Ce défenseur de l'instauration de la proportionnelle aux législatives, qui a maintes fois dénoncé l'actuel mode de scrutin comme « injuste », a préféré se projeter dans l'avenir. « Ce chemin politique que nous avons tracé, il existe, et les électeurs sont prêts à le choisir, pourvu au moins que le mode de scrutin leur laisse le choix », a-t-il affirmé. « Nous allons construire ce grand courant politique dont la France a besoin », a-t-il ajouté, affirmant que le MoDem « gagnera d'autant mieux quand les scrutins seront plus justes », allusion aux municipales et cantonales de 2008 notamment.
Jean-Marie Cavada, battu dans le Val-de-Marne, a cependant admis que le MoDem, qui revendique 78.000 demandes d'adhésion dont 42.000 confirmées, et doit tenir son congrès fondateur à l'automne, n'est « pas dans une situation confortable », avec « beaucoup de militants, mais très peu d'élus ». En revanche le Nouveau Centre, fondé par les ex-UDF ralliés à Nicolas Sarkozy, aura 22 députés, assez pour constituer un groupe. Son chef de file Hervé Morin avait prévu jusqu'à 25 sièges. Tous les députés UDF sortants ralliés à M.Sarkozy ont été réélus grâce à leur accord avec l'UMP, à l'exception de Bernard Bosson, battu en Haute-Savoie par un candidat divers droite, et de Rodolphe Thomas (Calvados), battu par sa rivale socialiste.
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