Après huit ans passés dans l'opposition, les chrétiens-démocrates (CD&V) sont sortis grands vainqueurs des élections législatives de dimanche en Belgique: le Premier ministre Guy Verhofstadt a reconnu la défaite au nom de sa coalition libérale-socialiste. Mais les discussions pour la formation d'un nouveau gouvernement s'annoncent difficiles. « Les électeurs de notre pays ont élu aujourd'hui un nouveau gouvernement et les résultats de ces élections sont nets: les électeurs ont opté pour une majorité différente », a observé M. Verhofstadt. « Cela a été un honneur de diriger le pays », a-t-il ajouté, en soulignant qu'il endossait sa part de responsabilité des résultats. Comme le veut la tradition, il doit présenter la démission de son gouvernement lundi au roi Albert II, ouvrant ainsi la voie à l'ouverture de négociations sur la formation d'un nouveau gouvernement, probablement sous la direction du chef du CD&V Yves Leterme. « Le temps du changement est venu », a lancé ce dernier à l'adresse de ses partisans, alors que se poursuivait le dépouillement des bulletins. A la différence d'un Verhofstadt penchant pour l'unité entre les six millions d'habitants de Flandre et les 4,5 millions d'autres de Wallonie, M. Leterme a immédiatement appelé à des changements constitutionnels pour accorder davantage d'autonomie aux différents groupes linguistiques. Après dépouillement de la quasi-totalité des bulletins, le CD&V l'emporterait avec 29,9% des suffrages en Flandre, contre 25,8% en 2003. Les libéraux (VLD) du Premier ministre Guy Verhofstadt ne recueilleraient que 18,6% (contre 24,2%). Quant à l'extrême droite flamande du Vlams Belang, elle obtiendrait 19,1% des voix (17,9% en 2003). Jean-Marie Dedecker, un indépendant, recueillerait 6,5%. Entachés par les scandales de corruption successifs qui les ont frappés ces dix dernières années, les alliés socialistes du VLD chutent de 23,5% à 16,4% en Flandre, alors qu'ils reculent de 36,4% à moins de 29% en Wallonie. En Belgique francophone, le VLD obtient 32,8% contre 28,4% en 2003. Le chef du CD&V Yves Leterme, ministre-président de Flandre, sera probablement choisi pour former le prochain gouvernement. Une tâche par tradition compliquée dans un pays divisé entre deux régions linguistiques. Le poste a été occupé par un Flamand ces 33 dernières années. Reste à savoir quelle coalition va émerger après le verdict des urnes. Le Parlement sortant a adopté des mesures qui permettront au nouveau gouvernement de lancer une réforme de l'Etat accordant davantage d'autonomie aux groupes linguistiques. Mais ces changements nécessiteraient une majorité des deux tiers dans chaque région, compliquant encore les discussions déjà difficiles. Quelque 7,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des représentants (150 sièges, dont 88 pour les néerlandophones et 62 pour les francophones) et une partie du Sénat (40 sièges, dont 15 élus côté wallon et 25 côté flamand). Le vote est obligatoire en Belgique. Les électeurs de Flandre peuvent uniquement voter pour un parti flamand, avec un scénario similaire en Wallonie. Dans la capitale Bruxelles, officiellement bilingue, des partis des deux langues étaient en lice
Du côté flamand, le CD&V/N-VA aurait 30 sièges (+8), suivi de l'Open Vld qui obtiendrait 18 sièges (-7), du Vlaams Belang 17 sièges (-1), le sp.a/Spirit 14 sièges (-9). Groen! revient à la Chambre avec 4 élus et la liste de Jean-Marie Dedecker (LDD) y arrive en force avec 5 élus. Côté francophone, le PS fait sans doute les frais de affaires carolorégiennes, il perdrait son rang de premier parti francophone à la Chambre au profit du MR. Le MR perdrait cependant 3 sièges et le PS 4. Le cdH obtiendrait 10 sièges soit +2 par rapport aux élections de 2003 mais +3 par rapport à la situation de l'assemblée depuis le passage de Richard Fournaux au MR. Ecolo aurait 8 sièges et doublerait donc sa représentation. Le FN garderait son siège.
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