Après le premier tour de l’élection présidentielle, force
est de constater que le Centre est divisé. Alors que François Bayrou explique
qu’il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy qu’il a diabolisé pendant toute sa
campagne, 22 des 29 députés de l’UDF ont indiqué qu’ils soutenaient le candidat
de l’UMP. Plus grave, certains ont déclaré ne pas comprendre la position de
leur leader. Ce n’est pas la première fois que le Centre est divisé. Une
division naît d’une volonté d’union nationale, voilà qui n’est pas banal et
bien paradoxal ! Mais telle est la situation au moment où François Bayrou
s’apprête à lancer un nouveau parti, le Mouvement Démocrate.
Ce nouveau parti a pour mission de faire fructifier les
18,55 % de suffrages obtenus par François Bayrou le 22 avril. Mais ces quelques
millions d’électeurs semblent bien avoir eu des motifs très différents de voter
pour le président de l’UDF. Et il est à parier que les électeurs proches du
Parti Socialiste ne seront pas là pour soutenir le Mouvement Démocrate pour les
prochaines élections législatives.
Mais ce qui semble la question essentielle, c’est l’avenir
d’un Centre divisé. Car la fracture est profonde. Evidemment, certains qui
jetaient l’anathème sur Nicolas Sarkozy puis qui viennent de prendre position
pour lui, retourneront sans vergogne vers François Bayrou dans des parcours
« sinueux » que le Centre a, malheureusement, trop connu dans son
histoire mouvementée. Mais il est certain que les lignes de clivage apparues
demeureront. Or, la chance historique d’un renouveau d’un Centre fort risque de
faire un flop total comme le craignent de nombreux députés UDF. Faire en sorte
que le Centre soit indépendant était une idée forte et courageuse. Mais une
fois cette indépendance acquise, elle ne devait pas servir qu’un destin
présidentiel hypothétique. La personnalisation de cette stratégie est non
seulement mégalomaniaque mais dangereuse pour le Centre. Combien de gens n’y
verront qu’une posture pour ramasser des voix et une volonté de basse vengeance
personnelle au mépris de toute responsabilité politique ? Les
sous-entendus sur la position de François Bayrou faits par lui-même ont
introduit, après son discours nettement positionné à gauche, des doutes sur la
position centrale du président de l’UDF, d’autant que celui-ci a indiqué qu’il
n’était pas « centriste ».
D’autant que les appels du pied du Parti Socialiste ne sont
pas moins cyniques que ceux de l’UMP. Car, ni la gauche, ni la droite ne croit
en un Centre fort et autonome. La récupération que tente la gauche est aussi
indécente que celle de la droite. Alors pourquoi avoir fait un pas vers la
gauche ? D’autant que le Centrisme n’est pas un milieu mais bien une
pensée qui développe sa propre vision de la société. Et elle place la
production avant la redistribution ce qui l’éloigne plus de la gauche que de la
droite. Ce qui ne veut pas dire qu’il fallait appeler à voter pour la droite.
Mais, à tout le moins, il s’agissait de ne pas faire les yeux doux à la gauche…
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