François Bayrou promet de créer un « grand parti démocrate » du centre en cas de victoire à l'Elysée et, confie le candidat UDF au journal Le Monde, introduirait une forte dose de proportionnelle dans le mode de scrutin. Le dirigeant centriste, qui dit parier sur « l'électrochoc » que provoquera une « union nationale » au-delà du clivage droite-gauche qu'il appelle de ses voeux, estime qu'un nouveau parti sera nécessaire en cas de victoire à la présidentielle. « Pour porter ce nouvel espoir et cette grande responsabilité, l'UDF dans sa forme actuelle ne suffira pas. Il faudra un grand parti démocrate pour la France », dit-il dans un entretien que le quotidien publie dans son édition du 3 mars.
François Bayrou, que les sondages d'opinion créditent de 17 à 19% des intentions de vote au premier tour, explique qu'il s'il est élu une « nouvelle majorité présidentielle » se présentera aux électeurs en juin lors des législatives. « Elu président de la République, investi de la confiance des Français et porteur de ce mandat du peuple, je nomme un gouvernement de rassemblement », dit-il. « Ce gouvernement accordera un label dans chaque circonscription aux candidats qui le soutiendront. La nouvelle majorité présidentielle sera présente dans chaque circonscription du pays. Et les Français la choisiront. »
François Bayrou, qui s'est dit jeudi lors d'un déplacement à Caen, « ému et encouragé par l'immense mouvement qui est en train de se former parmi les Français », souligne que les institutions figureraient « parmi les premiers grands chapitres du redressement » s'il entrait à l'Elysée en mai. « Nous devons construire un Etat impartial », dit-il, prônant par exemple l'abolition de l'article 49-3 de la Constitution qui permet l'adoption au Parlement d'un texte sans vote ni débat. « Le président de la République assume ses responsabilités, le gouvernement ne pratique plus le passage en force. Le 49-3, les ordonnances n'entrent pas dans le cadre des rapports entre le gouvernement et le Parlement », dit-il. La mise en place « d'une loi électorale juste », par ailleurs, signifierait, pour François Bayrou, « 50% des sièges au scrutin majoritaire de circonscription, 50% à la proportionnelle, avec une barre à 5% des suffrages ». Prié de dire si cela pourrait se traduire par l'entrée duFront national au Parlement, François Bayrou répond : « Oui, il rentre au Parlement si les électeurs le veulent (...) Et l'extrême gauche rentre au Parlement, si les électeurs en décident ainsi ».
Reprenant une expression qu'il affectionne lors de ses rencontres sur le terrain avec les Français, François Bayrou estime que la vague qui le porte « dépassera de beaucoup l'élection présidentielle ». Il lui reste néanmoins au cours des semaines qui viennent plusieurs défis à relever, estime le directeur des études politiques de l'institut de sondage LH2, François Miquet-Marty. Il devra d'abord « convaincre de sa capacité à disposer d'une majorité et à former un gouvernement », écrit-il dans une contribution offerte à Reuters. Il lui faudra ensuite « rallier à lui des catégories sociales jusqu'ici majoritairement hostiles, que sont les catégories sociales modestes ». « Jusqu'ici, dans les enquêtes LH2, c'est toujours auprès des ouvriers et employés que François Bayrou réalise ses plus mauvais scores », note François Miquet-Marty.
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