Par une mystification dont l’histoire a le secret, le libéralisme est devenu en France, en ce début de XXI° siècle, « le grand méchant loup » si ce n’est « l’ennemi public numéro un », démontrant, s’il en était encore besoin, que nous sommes dans un monde de communication où celui qui crie le plus fort et avec ces fameux accents « d’authenticité » a raison.
Dès lors, de Jacques Chirac – qui n’hésite pas à comparer les maux du libéralisme à ceux du communisme ! - à José Bové, de Ségolène Royal – qui veut protéger ses concitoyens des méfaits du libéralisme - à Jean-Marie Le Pen, l’ennemi désigné est ce détestable libéralisme, responsable de tous les problèmes de la terre, des inégalités sociales à la globalisation « destructrice d’emplois » en passant par les revenus pharaoniques des « patrons du CAC 40 » jusqu’au réchauffement climatique ! Bien sûr, de la part de populistes intolérants surfant sur la vague de tous les mécontentements comme José Bové ou Jean-Marie Le Pen, cette haine du libéralisme n’est guère surprenante. Mais venant de Ségolène Royal et surtout de Jacques Chirac, l’attaque est indigne de politiques qui se disent « responsables » et qui ont, de toute évidence, oublié leurs leçons de sciences po et de l’ENA en matière de sciences politiques…
A quelques mois des élections présidentielles et après le non au référendum sur la Constitution européenne qui était un rejet de la fameuse « Europe libérale », rappelons tout d’abord que le libéralisme n’est pas le capitalisme malgré ce que l’on essaye de faire croire aux citoyens, et encore moins le capitalisme financier, et que, même, le capitalisme n’a pas besoin du libéralisme pour exister comme nous le prouve tous les jours le développement économique de la Chine. Pour autant, le capitalisme n’est pas a priori mauvais mais il doit être encadré ce qui est justement depuis le début une des bases même du libéralisme économique. Le « capitalisme sauvage » a toujours été combattu par le libéralisme qui y voit un dévoiement de la liberté d’entreprendre.
Ensuite, rappelons que le libéralisme possède trois composantes : une composante philosophique (l’autonomie de l’individu), une composante politique (la liberté de l’individu et la démocratie) et une composante économique (la liberté d’entreprendre) et que la déclinaison se fait dans cet ordre.
Ce qu’est le libéralisme philosophiquement, politiquement et économiquement
Philosophiquement, le libéralisme naît au XVII° siècle de la volonté de démontrer que l’absolutisme royal et que l’absolutisme religieux ne sont pas légitimes mais que l’être humain est naturellement autonome et se possède lui-même.
Politiquement, le libéralisme affirme la liberté de l’être humain et affirme, dans le même temps que le choix de société pour défendre cette liberté est une démocratie représentative (ou, pour les plus extrémistes, une démocratie directe, voire plus d’Etat du tout rejoignant ainsi les anarchistes). De cette liberté découle la responsabilité.
Economiquement, le libéralisme affirme que la meilleure organisation de production des richesses est la liberté dans un marché concurrentiel (et lutte contre les grands groupes qui tuent la concurrence et le libre choix du consommateur).
De ces trois points de vue, philosophique, politique et économique, le Centre est donc bien libéral, il n’y a pas le moindre doute là-dessus. Mais son apport fondamental au libéralisme, à la différence de la Droite, est le social. Car le Centre affirme non seulement que la société doit offrir des chances égales à tous les individus mais, comme de nombreux libéraux modernes, qu’elle a un devoir de solidarité du fait même de l’inégalité inhérente à toutes les sociétés. Cette spécificité propre qui lui vient des différents courants humanistes qui se retrouvent naturellement au Centre, qu’ils soient venus soit des univers laïcs, soit des mondes chrétiens.
Et, non seulement le Centre est libéral mais il est fier de l’être parce qu’il assume sa volonté d’émanciper l’individu en d’en faire une personne responsable qui agit librement et est solidaire des autres et qui considère que l’égalité permet une vraie méritocratie où ce sont eux qui ont la volonté de prendre leur destin en main qui sont les moteurs de la société parce que les fruits de leur éventuelle réussite personnelle, à la fois, leur bénéficient et bénéficient à la société tout entière.
Alexandre Vatimbella
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