Fort d'une nouvelle progression de deux points dans la dernière vague du baromètre Ipsos-Le Point, François Bayrou (13%) passe pour la première fois devant Jean-Marie Le Pen (11%) dans les intentions de vote premier tour. L'écart avec Ségolène Royal (27%, +1) et surtout Nicolas Sarkozy (34%, -1) reste néanmoins important.
Entre 5 et 7% jusqu'à la rentrée, 8% en octobre/novembre, 9% en décembre, 10 puis 11% fin janvier, 13% aujourd'hui : la régularité de la progression de François Bayrou dans les intentions de vote premier tour donne une impression de solidité au niveau actuel, au demeurant proche du score de l'UDF aux dernières élections européennes (12%). Comme le soulignait Pierre Giacometti lors du dernier forum Ipsos, "ce score bien supérieur à celui que l'on mesurait pour lui en 2002 (entre 3 et 5% en janvier/février 2002) est lié à une meilleure mobilisation de son électorat, et non comme on l'entend parfois au soutien des proches du parti socialiste ou de la gauche". La candidature de François Bayrou séduit en effet aujourd'hui deux sympathisants UDF sur trois, contre environ 30% en 2002. Fort de sa progression, le leader centriste passe pour la première fois devant Jean-Marie Le Pen, qui reste à 11% d'intentions de vote, soit un ou deux points au-dessus de son niveau de janvier/février 2002. Mais si la troisième place est très disputée, les deux hommes restent tout de même loin des deux favoris.
Devant, Nicolas Sarkozy sort en tête d'une première phase d'investiture et d'entrée en campagne. Aujourd'hui, comme d'ailleurs depuis un an, plus d'un électeur sur trois (34%) le choisit dès le premier tour. Ce soutien est totalement hors-normes si l'on se réfère aux élections précédentes, tant par son ampleur que sa stabilité. Le candidat UMP mobilise fortement son camp (plus de 80% d'intentions de vote dans l'électorat UMP), capte 40% des électeurs de Jean-Marie Le Pen au 1 er tour de 2002, la majeure partie des sympathisants UDF qui ne vont pas vers François Bayrou, et mord même sur l'électorat PS (10%). Si l'écart avec sa rivale socialiste se resserre de neuf à sept points, il reste significatif.
De son côté, la baisse des intentions de vote en faveur de Ségolène Royal, mesurée depuis janvier, est enrayée. La candidate regagne même un point cette semaine, à 27%, pour retrouver l'étiage d'avant les primaires. Ce niveau reste assez nettement au-dessus des scores obtenus par Lionel Jospin aux présidentielles de 1995 et de 2002, ou des 22% d'intentions de vote dont le Premier ministre était en moyenne crédité en janvier/février 2002. Ségolène Royal est soutenue par 70% des sympathisants socialistes, 40% des proches des Verts, un quart des électeurs communistes. En terme de catégories socioprofessionnelles, elle obtient des scores légèrement meilleurs que Nicolas Sarkozy chez les cadres supérieurs et les professions intermédiaires, de moins bons chez les employés et les ouvriers. Nicolas Sarkozy domine actuellement dans la tranche de revenu la plus basse (revenu net mensuel du foyer inférieur à 1200€) et dans la tranche supérieure (+ de 3000€), le rapport de force étant équilibré dans les tranches intermédiaires. Enfin en terme de niveau d'étude, Ségolène Royal est en tête chez les "bac +2 et plus", Nicolas Sarkozy chez les moins diplômés.
Si la structure des soutiens peut varier rapidement d'une vague à l'autre, le total des intentions de vote premier tour obtenues par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy est constamment supérieur 60%. A ce stade, l'un comme l'autre semblent disposer d'une marge de sécurité sur leurs poursuivants, en vue de la qualification pour le second tour. Derrière Jean-Marie Le Pen et François Bayrou, aucun autre candidat testé n'atteint d'ailleurs la barre des 3% d'intentions de vote. Olivier Besancenot, Marie-George Buffet, José Bové ou Dominique Voynet sont mesurés à 2,5%, Arlette Laguiller est à 1,5%, Frédéric Nihous, Corinne Le page, Philippe de Villiers sont à 1%, Nicolas Dupont-Aignan ferme la marche à 0,5%.
Sous l'hypothèse d'un duel les opposant au second tour, Nicolas Sarkozy conserve aujourd'hui l'avantage qui s'est construit au mois de janvier. Il est actuellement mesuré à 53% (-1) d'intentions de vote, contre 47% (+1) pour Ségolène Royal. Au-delà des bons reports de voix, notamment de l'électorat frontiste, Nicolas Sarkozy bénéficie là d'un rapport de force électoral largement favorable à la droite : le total des intentions de vote "gauche parlementaire + extrême gauche" de premier tour est à 38,5%, contre 61,5% au total "droites + extrême droite".
Philippe Hubert
© Ipsos 2007
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