N'y a-t-il pas un décalage entre le positionnement tranché au niveau national et celui des élus UDF qui collaborent avec leur partenaire de la majorité sur le terrain ?
Le débat national est une chose et la vie locale une autre. Dans le débat national sur GDF-Suez, sur la privatisation des autoroutes, sur le CPE, nous avons dit notre désaccord, et nos choix n'étaient pas des choix d'opportunité, mais de lucidité. Si le clivage droite-gauche est déjà stupide au niveau national, le recopier dans tous les exécutifs locaux serait d'une totale absurdité. Le jour reviendra, j'en suis sûr, où l'on pourra avoir des majorités plus larges, plus rassembleuses, selon les villes ou les régions, comme dans les pays qui nous entourent.
Dans votre discours de candidat, vous évoquez des « objectifs raisonnables et républicains » : lesquels?
D'abord de nouvelles institutions, avec une vraie représentativité des élus et une séparation réelle entre le législatif et l'exécutif. Une réforme de l'État avec un rééquilibrage des finances publiques. Une politique active de soutien à l'entreprise, surtout à la petite entreprise. Une politique obstinée de lutte contre l'exclusion par le retour à l'activité. Une politique d'éducation qui retrouve l'excellence républicaine sur tout le territoire, etc. Si je devais résumer tout cela dans une formule, je dirais : « Un pays fort où tout le monde a sa place. »
Vous dites vouloir « prendre le meilleur et les meilleurs ». Qu'entendez-vous concrètement par là?
La France a besoin de toutes ses forces et, en particulier, de rendre compatibles les valeurs justes des camps différents. On a coutume de dire que l'esprit d'entreprise et l'ordre sont des valeurs de droite, que l'égalité et la solidarité sont de gauche, que la fraternité et la tolérance sont du centre. On a besoin de toutes ces valeurs-là, ensemble. Je propose de prendre le meilleur là où il se trouve, sans s'occuper de quel camp il vient.
Comment parvient-on à cela, alors que vous n'avez jamais été jusqu'ici un rassembleur?
Je suis rassembleur par nature, et je vais le démontrer. Je ne crois plus à la guerre gauche contre droite. Si l'une des deux gagne encore en 2007, quelle qu'elle soit, la déception sera terrible au bout de six mois. Leur base est trop étroite et leur attitude trop sectaire pour faire partager aux Français une vision constructive capable de rassembler le pays
Propos recueillis par Jean-Yves Boulic et Roland Godefroy pour Ouest France
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