Si une coalition au centre est de bonne foi, elle peut assumer des réformes impossibles dans toute autre configuration. La division du pays en deux rend en effet, à la moindre difficulté, les gouvernements minoritaires. Seul l’élargissement du soutien apporté par une alliance centriste permettrait des politiques de plus longue durée, moins fragiles, et donc forcément plus courageuses. Une condition est cependant requise : que les programmes soient compatibles dans leur inspiration. La difficulté en France est que dans un pays qui se croit coupé en deux, chacun des deux « camps » est dominé par un noyau dur.
Les modérés se retrouvent donc forcément dominés dans leur propre camp. Cette bipolarisation artificielle a, depuis des années, coûté très cher à la France. Des femmes et des hommes, qui en fait, partagent les mêmes convictions – sociaux-démocrates, démocrates-chrétiens, centristes – ont été sans cesse divisés. Et puisqu’ils étaient divisés, ils ont été incapables de peser sur le destin de leur pays. Les temps dans lesquels nous entrons montrent aujourd’hui à l’évidence que cette configuration a conduit la France à l’échec, comme l’illustre le dossier des banlieues. Il faudra bien qu’une nouvelle ère s’ouvre permettant des démarches politiques nouvelles, plus rassembleuses. Mais cela dépend bien entendu de nos institutions, de leurs pratiques et de leurs règles électorales.
Le double scrutin majoritaire que nous connaissons en France – élection présidentielle suivie d’élections législatives, les deux au scrutin majoritaire – entraîne une amplification des mouvements électoraux qui permet, par exemple, à l’UMP d’avoir 365 sièges à l’Assemblée nationale alors qu’elle n’a obtenu que 19% au premier tour de l’élection présidentielle. Il y a donc un déséquilibre de la représentation, ce qui est extrêmement choquant et ce qui, au bout du compte, enferme les gouvernants dans un confort apparent, celui des majorités larges. Ces dernières conduisent cependant inéluctablement à la surdité. C’est d’autant plus frappant dans une période de crise comme celle que nous vivons.
(Propos recueillis par Laurent de Boissieu et Mathieu Castagnet - La Croix)
Le double scrutin majoritaire que nous connaissons en France – élection présidentielle suivie d’élections législatives, les deux au scrutin majoritaire – entraîne une amplification des mouvements électoraux qui permet, par exemple, à l’UMP d’avoir 365 sièges à l’Assemblée nationale alors qu’elle n’a obtenu que 19% au premier tour de l’élection présidentielle. Il y a donc un déséquilibre de la représentation, ce qui est extrêmement choquant et ce qui, au bout du compte, enferme les gouvernants dans un confort apparent, celui des majorités larges. Ces dernières conduisent cependant inéluctablement à la surdité. C’est d’autant plus frappant dans une période de crise comme celle que nous vivons.
(Propos recueillis par Laurent de Boissieu et Mathieu Castagnet - La Croix)